Pensées profondes - Anecdotes piquantes
Rendez-vous prochains (septembre 2018)

Notre nouvel épisode :

Dédicaces

Résumé des épisodes précédents :

Ça m’arrive suffisamment rarement pour que j’en sois, à chaque fois, touché et même, avouons-le, un peu flatté : des jeunes gens (plutôt des filles) m’attendent dans le hall ou à la sortie du théâtre, un prospectus à la main et me demandent un autographe. Je gribouille alors une phrase gentille, une signature, on échange un sourire et je me doute bien que tout cela sera très vite perdu et oublié... Parfois c’est le directeur du théâtre qui nous tend cérémonieusement le
« Livre d’or », chaque comédien s’acquitte alors de sa petite phrase avec une fausse désinvolture. « Laissons-le dormir » est la réponse la plus affligeante, elle réapparait parfois au fil des pages : on n’atteint pas toujours des sommets de l’humour et de la littérature dans ces moment-là. J’éprouve un plaisir malsain à compulser le livre d’or pointant les fautes d’orthographe des uns, les balourdises des autres... Pour ma part, jouant le plus souvent « Rhinocéros », je m’en sors par un croquis de l’animal. Sinon j’improvise...
J’aime beaucoup les affiches dédicacées qui ornent les loges ou les couloirs des théâtres, je suis loin de les connaître tous mais je me sens en connivence avec les artistes qui m’ont précédé dans ces lieux plutôt modestes. Je me souviens être tombé, lors d’une tournée au Portugal, il y a une bonne vingtaine d’années, dans la loge d’un vieux et magnifique théâtre, sur l’affiche dédicacée d’un spectacle avec Vittorio Gassman : à quelques décennies de distance, nous partagions donc la même loge, Vittorio et moi ! Je me suis senti fier, soudain, comme un gamin de trois ans qui chausse, pour la première fois, les souliers de son père.
En matière de dédicace, on le voit, j’ai une certaine expérience. Pourtant, cette fois, je me suis laissé surprendre, c’était le 18 août dernier.

« L’oiseau qui pète » n’est pas mon premier livre, « Capitaine Le Jan » l’a précédé, en 2013, aux éditions de l’Harmattan mais ce premier livre était arrivé après la tournée, un peu comme Grouchy à Waterloo ou la cavalerie dans un mauvais western. « L’oiseau... » est une autoédition... Au moins, elle a le mérite d’arriver au bon moment : deux cartons déposés chez le voisin pendant les vacances en Bretagne. À l’intérieur cent vingt exemplaires d’un petit livre bleu. Format modeste, à peine l’épaisseur d’un téléphone à écran tactile, un fond uniforme sans illustration, juste le titre calligraphié de façon à évoquer le fameux oiseau en pleine action.
À peine le temps de feuilleter quelques pages, il faut passer aux répétitions. Écrire est une chose, jouer en est une autre. Les deux représentations d’avril dernier sont déjà loin et voilà que la mémoire de mes propres mots me fait défaut : l’auteur avait tellement hésité, tellement fait de versions de la même expression que le comédien hésite à son tour, ne sait plus quelle est la bonne... Et je veux être précis. Je ne suis pas un conteur, héritier d’une tradition orale, dépositaire d’une vague mémoire collective. Les histoires se doivent d’être jouées avec netteté. Lucile qui les interprète au violoncelle n’est pas moins rigoureuse, en quelques heures, le spectacle rentre dans son cadre. Deux jours plus tard, nous voilà dans le « jardin de la chancellerie » à Loches. Entre le ciel et la pierre de tuffeau, un théâtre de verdure a été aménagé : quatre-vingt-sept places très exactement. Mais on peut arrondir à quatre-vingt-dix... Peut-être même à cent en se serrant un peu sur le côté ?... A cent dix, la caissière est un peu débordée, les derniers insistent... Tant pis, ils s’assiéront sur les marches ou resteront debout.
Le succès n’a rien d’exceptionnel et il était prévisible : Loches est le chef-lieu du canton dans lequel je vis depuis bientôt quarante ans, on s’y fait inévitablement quelques amis... Mais en cette mi-août, la population se mélange, les têtes connues sont en vacances, beaucoup d’autres les remplacent, des touristes, sans doute, attirés par le violoncelle pendant la répétition... Pourvu qu’ils soient francophones...
On s’est retrouvé, Lucile, son violoncelle, le public et moi, en suspens au-dessus du théâtre de verdure. Ce sont des moments de grâce qui arrivent parfois au théâtre mais ça n’est jamais gagné. Même quand le spectacle est bon. Ça tient aux mots et à la musique, bien sûr, mais aussi, c’est évident, à cette fin de canicule qui s’adoucissait lentement sur la pierre blanche du tuffeau...
À la fin, il y a les saluts et on est applaudi. C’est une tradition bien agréable. Les applaudissements nous portent encore quelques instants, on prolonge ainsi le partage de la représentation. Je connais ça : c’est l’affaire de quelques secondes.
Mais je n’avais pas prévu de me retrouver assis derrière une petite table, cerné par des spectateurs debout, enthousiastes, qui me réclament mon livre. Les premiers furent un couple : une dame à lunettes et un petit monsieur chauve, ils en voulaient deux : « Un pour nous et un pour offrir » me dirent-ils, je ne savais pas quoi leur répondre, j’ai écrit « Vous êtes les premiers ». Ensuite, la mécanique s’est rodée, j’encaissais les billets d’une main, j’écrivais les dédicaces de l’autre. Heureusement que j’avais eu la bonne idée de piquer le stylo du patron de restaurant, en début de soirée... Quelques jours plus tard, un copain m’a suggéré de faire un tampon spécial dédicaces. Je l’ai pris au mot et je dessine, désormais parfois, le slogan « Bonne lecture » que j’inscris dans un rond, comme un tampon. C’est un peu l’équivalent de mes croquis de rhinocéros qui dorment par-ci, par là, dans les théâtres, entre les pages d’un « livre d’or ».

Les programmateurs de Touraine commencent à s’intéresser à « J’ai dans les yeux... » mais les délais de programmation sont longs et on est trop impatient. On s’est donc tourné vers le « Court Circuit », 16 bis, place de la Victoire à Tours, on y sert, tous les jours, des repas bio et locaux et on y organise régulièrement des spectacles « au chapeau ». Le vendredi 21 septembre à 20h30 ce sera notre tour. Attention la jauge est modeste et on ne prend pas de réservation, le mieux c’est de venir un peu en avance.
Une autre représentation de « J’ai dans les yeux... » dans la très jolie Salle des auteurs, 11 rue Ballu, 75009 Paris, au siège de la SACD. Ce sera le lundi 22 octobre à 16h. L’horaire peut paraître inhabituel : il s’agit pour nous de retenir l’attention des responsables de salles Parisiennes. Promouvoir, à Paris, le spectacle d’un auteur inconnu est une gageure difficile, mais on veut tenter l’aventure. Cette première représentation parisienne est une étape importante. Là aussi, l’entrée est libre et la jauge modeste. N’hésitez pas à faire passer le message et à réserver au 06 10 21 38 62.
Entre ces deux représentations, nous reviendrons aux fondamentaux : « La leçon » de Ionesco au théâtre de la Huchette à Paris et à 20h du mardi 9 au samedi 13 puis du mardi 16 au samedi 20 octobre (réservation au 01 43 26 38 99).
Avant cela, les 28 et 29 septembre à Chambourg-sur-Indre (37) nous fêterons les « Vingt ans de NACEL ». Cet acronyme de Nouvelles Aspirations Culturelles En Lochois » dit l’essentiel de nos utopies de l’époque... Avec le recul de ces 20 années, on peut se féliciter d’avoir gagné la confiance d’un large public, sans rien perdre de celles-ci ni de nos exigences artistiques. De nombreux artistes nous rejoindrons à cette occasion. Serge (qui fut, un temps, président de NACEL, avant de fonder la Grange Théâtre de Vaugarni) et moi en profiterons pour « Konkasser » un bout de « Kakao ». Plus d’informations et réservation auprès de NACEL : 02 47 92 22 26 / 06 40 42 03 90.
Enfin, il me reste un carton, presque complet, de petits livres bleus. Avis aux amateurs mais vous aurez compris que je préfère les dédicacer après une belle représentation.

D’autres projets d’éditions après le magnifique accueil fait à « L’oiseau qui pète » ?
Comment les Mânes de Dali et Ionesco se retrouveront-elles dans un Palais Vénitien, l’hiver prochain ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez, bientôt, en lisant « Les pensées et anecdotes d'octobre 2018 » !

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