Pensées profondes - Anecdotes piquantes
Rendez-vous prochains (décembre 2016)

Notre nouvel épisode :

Hold-up

Résumé des épisodes précédents :

« Je sais bien que pour vous ça fait court... » Le jeune homme au téléphone était confus, la représentation qu’il souhaitait me commander était prévue au début du printemps et nous étions à la fin de l’automne. « Pour des professionnels c’est un peu rapide je le sais, mais nous sommes une association, dans une petite ville... » Le jeune homme sortait d’une formation et on lui avait appris qu’il fallait entre 12 et 18 mois pour organiser sérieusement une représentation théâtrale. Quand je lui ai répondu que j’allais appeler mes collègues et que, dans la journée, je lui rendrai réponse, j’ai bien senti qu’il trouvait ça louche : étais-je un vrai professionnel ?
Finalement c’est le jeune homme qui avait raison : si, aujourd’hui comme hier, trois semaines suffisent à convaincre le public et remplir une salle, dès lors qu’on espère la moindre subvention, il est prudent de prévoir un délai de 12 mois pour déposer les dossiers, attendre les avis de la commission ad hoc et inscrire la manifestation dans le calendrier... Ensuite il faudra rendre les comptes expertisés, rédiger une note de synthèse, la faire valider et préparer la représentation suivante en attendant le versement du solde de la subvention... Ce qui vaut pour une représentation, vaut mille fois pour la création d’un spectacle : huit semaines de répétitions suffiront aux artistes mais le porteur du projet devra se préparer pour un marathon de plusieurs mois... Tel qui prétend, aujourd’hui, monter
« Le Cid » et se distribuer dans Rodrigue devra envisager de jouer Don Diègue, à l’heure de la tournée !

Je garde pourtant en mémoire un contre-exemple bien réconfortant : trois jours de travail pour faire un succès ! Ça arrive rarement et quand ça arrive on éprouve un peu de gêne devant un tel résultat pour si peu d’effort. On appelle ça un « hold-up ». Le mien date de l’été 2004 et s’appelle les « Konkasseurs de Kakao ».
Le contexte était difficile : remise en cause du statut d’intermittent, baisse des subventions, annulations de tournées... notre si joli spectacle « Rue de Paradis » qui venait de s’interrompre à cause d’un conflit avec les techniciens...
Serge (mon camarade accordéoniste) et moi étions extrêmement frustrés. Je lui proposai un plan B : un duo, sans décor et sans technique, juste deux projos plein feux éclairant un banc et un tabouret. Le concept était simple : il jouerait ce qu’il voudrait et j’interpréterais les textes que j’aimais. Aucun thème, aucune transition ! On s’interdirait le moindre mot qui ne serait pas d’un auteur.
La première séance de travail fut la plus pénible : il fallait écarter tant de textes. Au revoir « Les sabots ». Adieu « Madame Hermet » mais je gardais « La rempailleuse » et j’ajoutais « Le prunus »... Je renonçais à Obaldia, à Devos... Mais je m’accrochais à Desproges, Pennac, Nougaro et nous gardions Bedos pour le bouquet final afin de prouver qu’il pouvait être moins drôle que Victor Hugo...
Serge piochait dans son répertoire personnel, il empruntait aussi à Franz Lehar, Nino Rota, Henri Crolla... Puis tout alla très vite, je connaissais certains textes pour les avoir joués dans des précédents spectacles, d’autres m’étaient familiers depuis toujours, ainsi cet exercice de diction qui remontait à mes années apprentissage : « La cocotte Kiki avait pour amis Koko le concasseur de Kakao... ». Ce serait notre hymne ! Ou du moins le titre de notre nouveau spectacle et nous l’illustrerions d’une photo d’un poulet (de l’espèce « cou nu ») emprunté à Yves, mon voisin de la ferme de Fosseroux ! La création eut lieu le 4 juillet dans un lieu étrange : un théâtre troglodytique creusé dans la roche sous la ville de Loches. Au dehors c’était la canicule, sous terre la fraicheur et l’humidité étaient telles que Serge craignait que son accordéon ne s’en remette pas. Le 7, nous étions à Avignon (la compagnie étant exsangue et percluse de dettes, c’était le moment ou jamais de tout miser sur le festival). A la fin du même mois, la compagnie n’avait plus de dette et nous avions signé une trentaine de dates... L’aventure pouvait continuer... Elle continuera longtemps et se poursuit encore aujourd’hui.

Certes le théâtre de la Fronde est un peu en sommeil : Serge est accaparé par la Grange-Théâtre de Vaugarni et moi, je fais le comédien parisien... mais l’envie est toujours là qui nous tenaille. Christopher Lacassagne n’a pas eu grand mal à nous convaincre. Son petit théâtre du Rossignolet, à Loches (37), est creusé dans la pierre, à flanc de coteau (mais il n’y fait pas froid). Notre reprise des « Konkasseurs » y est prévue le 15 décembre à 20h30, réservation au 06 36 57 66 14. D’ici là, j’aurai quelques occupations, entre autres, 2 représentations du « Mariage de Figaro » à l’Opéra-theâtre de Metz les 2 et 3 décembre mais nous avons programmé 3 journées de répétitions (pas une de plus : on n’est pas moins efficace dans le travail qu’il y a 12 ans). Même si la salle est pleine, le succès sera mince (à peine 50 places) mais le plaisir sera grand !

À quand le retour à la Huchette ?
Quid d’un Rhinocéros à Paris ?
Quid de « Vient de paraître » ?
Que vient faire Jacques Sagot, ancien ambassadeur du Costa-Rica, à la salle des fêtes de Chédigny, le 21 janvier prochain ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez, bientôt, en lisant « Les pensées et anecdotes de janvier 2017 » !

Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http://www.theatredelafronde.com.
Vous pourrez également voir la photo du mois dont la légende commence par :
« À Metz... ».