Nouvelles de septembre 2016 - Rendez-vous d'octobre 2016

Notre nouvel épisode :

L'architecte

Résumé des épisodes précédents :

La mariée était radieuse, le marié très élégant, tout le village était là, à baguenauder parmi les arbres en fleurs, un verre à la main. On venait de tout le Lochois et bien au-delà. Tous les invités ne se connaissaient pas entre eux mais il se trouvait toujours un ami commun pour faire les présentations, on devisait aimablement. Je croisai un bel homme aux cheveux grisonnants, on me présenta comme comédien et l’homme eut un recul hargneux
« Ah non ! Pas ça ! Ça ne m’intéresse pas ! » et il bredouilla « Moi aussi, si j’avais voulu... »

Les gens sont, le plus souvent, indifférents à mon métier. Une lueur d’intérêt s’éteint, en général, dès qu’on réalise que je n’ai pas fait de télé, ni de ciné et que je ne connais pas de célébrité. Mais jamais de véritable hostilité. J’étais surpris. Lui, maintenant confus, gêné par la vivacité de sa réaction, entreprit de se justifier. Il me raconta, alors, le conservatoire de Tours au début des années 70, son prix d’interprétation en comédie classique, son copain Jacques Villeret, leurs espoirs communs, la « montée » à Paris, ses débuts de « jeune premier»... Il me raconta aussi son aventure avec une « nana », l’enfant qui vient trop vite, le piège familial qui se referme, la pesanteur sociale qui le contraint à « prendre ses responsabilités », abandonner son rêve...
Le fruit, trop tôt venu, de leurs amours doit friser la quarantaine et vit sa vie, mais la « nana » dont il parle avec si peu de délicatesse est à côté de lui, c’est une plantureuse femme blonde, elle a paru un peu inquiète au début de notre entretien mais elle est souriante à présent. C’est moi qui suis gêné, je lui parle de la vie errante et précaire de ma compagnie (il s’en contrefiche), de mes débuts à la Huchette (ça l’intéresse un peu, parce que c’est à Paris), on se cherche des amis communs, on n’en trouve pas en dehors de Villeret (que j’ai à peine croisé) et de Julien B (que je n’apprécie guère). La conversation devient languissante, je lui demande ce qu’il fait dans la vie : il gère un gros cabinet d’architectes à Tours. Je m’exclame que c’est un métier qui doit être passionnant (ce n’est pas une formule creuse de politesse, je le pense sincèrement). Il jette sur moi un regard condescendant et me tourne le dos... Je vide mon verre et vais féliciter la mariée...

On fait quand même un curieux métier... Beaucoup en rêvent, certain s’y essaient, la plupart abandonnent et remâchent leur amertume, d’autres s’accrochent... S’accrochent à quoi... à quelques répliques échangées sous les projecteurs, à quelques rires dans le noir, quelques minutes d’applaudissements... Que sont ces enfantillages en regard du travail d’un architecte ?... De ces tonnes de sables et de ciments arrachées, de ces poutrelles métalliques en équilibre savant, de ces millions qui se brassent ! Et pourtant c’est nous qu’on envie ?

Je joue tous les soirs, en ce moment, à Paris. C’est une situation qui encline à la métaphysique. Je considère les petits plaisirs qu’on dispense au fil des représentations et qui me paraissent bien dérisoires. Je me vautre noblement dans une méditation existentialiste... et j’ai bien raison d’en profiter : mon contrat ne va pas au-delà du 22 octobre !
Certes, les échos de nos premières représentations nous laissent espérer de nombreuses tournées à venir et, pourquoi pas, une reprise prochaine dans un autre théâtre, mais nous n’en sommes pas là.
Amis parisiens ou de passage à la capitale, vous auriez tort de ne pas partager ces deux heures de petits plaisirs ! le spectacle s’appelle « Vient de paraître », c’est une satire du monde de l’édition qui fait l’unanimité. La presse parle de « comédie désopilante », de « spectacle brillant et intelligent », de « répliques féroces » et de « comédiens de haut vol »... Ça se passe tous les jours à 21h sauf le dimanche (le lundi à 19h) au Théâtre 14 Jean-Marie Serreau, 20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris, M° Porte de Vanves, réservation : 01 45 45 49 77.

Le dimanche 2 octobre à 17h, Philippe Boisneau, Bernard Charret et moi-même donnerons « Cul de grève », notre représentation scientifico-littéraro-culinaire consacrée à la Loire. Si le temps continue d’être beau, ça se passera dans un endroit magique : le lavoir de Saint Quentin sur indrois (37310). Prévoir quand même une petite laine et réserver auprès de NACEL : 02 47 92 22 26.

À quand le retour à la Huchette ?
À quand un Rhinocéros à Paris ?
À quand la reprise des
« Konkasseurs de Kakao » ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez, bientôt, en lisant «  Les nouvelles d'octobre » !

Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http://www.theatredelafronde.com.
Vous pourrez également voir la photo du mois dont le titre est :
« Un drame ? ».