Nouvelles de juin 2016 - Rendez-vous de juillet 2016

Notre nouvel épisode :

n°5, n°23

Résumé des épisodes précédents :

« J'ai souvent voyagé en auto-stop ». Cette simple affirmation suffira bientôt à l’obtention d’une carte vermeille. Il est loin le temps des pouces dressés au bord des routes, il convient désormais de cliquer sur des sites de covoiturage. Le voyage a perdu sa gratuité et un peu de son caractère aventureux, il a gagné en ponctualité et sécurité (vertu cardinale aujourd’hui), il n’en reste pas moins l’occasion de rencontres agréables et c’est un recours précieux en cas de défection ferroviaire.

Nous étions contents de partager ce trajet, Patrick Filleul au volant, et moi en tant que passager.

- Qu’est-ce que tu vas faire à Paris ?
- Je joue ce soir à la Huchette.
- Ce soir ?
- Oui.
- Moi aussi !

Patrick est un percussionniste de Jazz bien connu en terre Tourangelle et nous nous succédons régulièrement dans les salles de spectacle de la région, mais nous n’avions jusqu’alors jamais partagé le même plateau ! Nous ne le partagerons pas non plus cette fois. Toute la semaine je jouerai « La leçon » à 20h, au n°23 de la rue de la Huchette (je suis confus de n’avoir pas pris le temps d’écrire les deux dernières lettres mensuelles et d’annoncer ces représentations de la mi-juin). Patrick se produira, en fin de soirée, au n° 5 de cette même rue, au célèbre « Caveau de la Huchette ».

Depuis bientôt huit ans que je me fréquente régulièrement le théâtre, je ne compte plus mes passages devant le « caveau » distant d’une quarantaine de mètres, à chaque fois, je me réitère la promesse de m’y rendre un jour. C’est un plaisir trop simple que je remets à un éternel lendemain et il en aurait été longtemps ainsi sans ma rencontre avec Patrick... Mais cette fois l’occasion était trop belle. Une milonga (bal tango) était programmée ce même soir, je fis pire que me défiler : j’entraînais avec moi une amie tanguera que je détournai vers les joies du be-bop et du swing. Il fallut se faufiler entre deux échafaudages pour passer la minuscule entrée. Au bout du bar, un escalier plongeait vers une magnifique salle voûtée, bordée de colonnes.
Le caveau de la Huchette fut, au fil des siècles, un repaire de comploteurs : Templiers, Rose-Croix, Francs-Maçons, Girondins et Montagnards… s’y succédèrent. Depuis les années 50, ces sombres silhouettes ont été écartées et la cave résonne, désormais, des accents du jazz, on s’y déhanche avec ferveur. Si les robes à fleurs et les espadrilles n’ont pas l’élégance des talons-aiguilles et des jupes fendues, une sensualité joyeuse, ce soir-là, se dégageait de toutes les danses, certains couples débutaient mais d’autres, des habitués, enchaînaient, avec vivacité, les figures les plus acrobatiques ! L’orchestre : contrebasse, piano, batterie, saxo, trompette, chant, alternait standards et créations improvisées. A la pause, Patrick me confiait son émotion de jouer dans cet endroit mythique où s’étaient produits Claude Bolling, Sidney Bechet, Art Blakey, Bill Coleman, Count Basie, Lionel Hampton, Scott Hamilton, Claude Luter, Christian Morin, Maxim Saury, Memphis Slim… Il me disait sa fierté de s’inscrire dans leurs pas et de transmettre leur musique plus vivante que jamais... Et pendant qu’il égrenait ces noms je pensais aux Cuvelier, Zuchelli, Bataille, Terzieff, Legré, Staup... À cette autre litanie d’artistes qui depuis le même temps et avec la même joyeuse opiniâtreté ont transmis la verte langue de Ionesco, et j’eus soudain le sentiment que jamais les n° 5 et 23 de la rue de la Huchette n’avaient été si proches.

Je vais devoir patienter jusqu’à la mi-novembre pour retrouver « La leçon » et la rue de la Huchette. Entre temps, j’aurai le plaisir de participer à la création et aux multiples représentations de « Vient de paraître » une pièce d’Édouard Bourdet mise en scène par Jean-Paul Tribout. Ça se passera au Théâtre 14 à Paris et ça occupera tous les jours de septembre et octobre (sauf le dimanche). Avant cela, notre « Mariage de Figaro » partira en tournée : à Fontenay-le-Comte le 19 juillet et Spa les 12 et 13 août.

Tout requinqué par une jolie tournée en Bukovine, notre « Rhinocéros » trouvera-t-il une salle parisienne prête à l’accueillir ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez, bientôt, en lisant «  Les nouvelles de juillet » !

Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http://www.theatredelafronde.com.
Vous pourrez également voir les photos des trois derniers mois.