Nouvelles de septembre 2014 - Rendez-vous d'octobre 2014

Notre nouvel épisode :

Apprentissage

Résumé des épisodes précédents :

« Rendez-vous pour notre première répétition, texte su. On n’a pas de temps à perdre ! »
Voilà une phrase qu’on entend parfois dans la bouche de metteurs en scène et qui a le don de m’horripiler ! Ainsi ce serait le perdre que de prendre le temps de longues séances de lecture autour de la table ? Perte de temps que l’établissement d’une compréhension commune d’un texte dans ses moindres détails (le diable s’y cache, dit-on, mais on y trouve aussi tant de plaisirs) ? Temps perdu, celui qu’on passe, texte à la main, à faire mille propositions sur un plateau ?

J’ai connu un vieux comédien qui appelait avec ironie : « Courre, Jardine », ce genre de metteurs en scène qui vous font galoper d’un bout à l’autre du plateau sans vous accorder l’ombre d’une explication. Ceux sont les mêmes qui vous imposent d’apprendre le texte préalablement (tant il est vrai qu’on galope moins vite un texte à la main). Pour ma part, je professe l’inverse, je suis allé jusqu’à interdire à un comédien d’apprendre son texte. Et, devant son regard surpris, je lui ai expliqué que quand on aura passé une semaine, six heures par jour, à travailler les quinze répliques de sa scène, non seulement, il saura ce que dit son personnage, mais il saura pourquoi il le dit, ce qu’il pense, ce qu’il fait, ce qu’il est... Et, au-delà du personnage, il découvrira les ressorts du spectacle, son véritable enjeu.
Depuis mes années d’apprentissage au centre dramatique de Tours, je m’arc-boute à cette façon de travailler, vague adaptation de la si fameuse, si décriée et pourtant si utile « méthode Stanislawski », mais il faut bien reconnaître que d’autres font différemment. Récemment, j’ai vu le monologue de Figaro, impeccablement restitué dès la première répétition. Ça avait de l’allure, alors que dans le même temps, j’avais encore besoin de mon texte pour balancer les quatre répliques du juge Bridoizon...

Il a fallu s’y mettre ! Etrange exercice que d’apprendre à « bachoter » un texte en dehors de toute répétition, comme une vulgaire table de multiplication ou la liste des verbes irréguliers. Ce sont les circonstances qui m’ont imposé cette discipline : ma prochaine création réunira un pêcheur professionnel, un chef cuisinier et un comédien. Le pêcheur est sur la Loire, le chef à ses fourneaux, ils n’ont pas besoin de répéter, eux.
D’abord le travail « autour de la table ».
Difficile d’en faire le tour, quand on est seul à sa table, et d’ailleurs, il n’y a pas de table : une chaise de jardin suffit. Heureusement, j’ai déjà eu l’occasion d’apprivoiser les textes dans le cadre de lectures faites avec Philippe, le travail est donc largement entamé, mais entre une lecture et le jeu, il y a plusieurs heures de travail, il s’agit, cette fois, de posséder totalement son texte, de s’en imprégner, de se délecter de chaque syllabe afin de pouvoir, ensuite, partager ce plaisir... C’est à quoi servent, d’ordinaire, les répétitions.
Je passe donc prématurément à l’étape suivante : les « Italiennes » (on trouvera l’explication de ce terme dans la chronique de juin 2011). Hugo, Laclavetine, Maupassant, Genevoix, Aristote et les Bodin’s m’accompagnent désormais partout : en Touraine, sur la Loire, dans le jardin, sur le marché de Loches... À Paris où j’ai renoncé aux « Italiennes » pendant mes trajets en vélib’ à cause du danger et des coups de klaxon qui m’empêchaient de me concentrer, je me suis, alors, réfugié sur les quais de Seine et au Jardin des plantes. En septembre, malgré le pic de pollution, la lumière y était magnifique.

J’y retournerai la semaine prochaine puisque, du 7 au 11 octobre à 20h, je jouerai « La Leçon », de Ionesco, en compagnie d’Emilie Chevrillon et Marie Cuvelier, au théâtre de la Huchette (réservation au 01 43 26 38 99). Reprise, ensuite, de « Rhinocéros » (la nouvelle) du même Ionesco, en Touraine, cette fois, en l’église Saint Laurent de Langeais, le samedi 18 octobre à 20h30, dans le cadre du festival de l’Automne Théâtral (réservation au 02 47 96 54 39). Il ne nous restera, ensuite, que quelques jours pour mettre la dernière main à cette fameuse dernière création du théâtre de la Fronde : « La Bourriche », approche scientifique, littéraire et culinaire du plus grand fleuve sauvage de France. Notre première représentation est attendue le jeudi 23 octobre à 21h dans la jolie salle troglodytique de la Touline à Azay sur Cher (réservation vivement recommandée – car il n’y a pas beaucoup de place - au 02 47 50 43 84).

Comment s’est passée notre première de « la Bourriche » ?
À quand la seconde ?
À quand la reprise du
« mariage de Figaro » ?
Nos amis retourneront-ils à la Réunion ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'octobre » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com (l’ensemble des chroniques y apparaît ainsi que les magnifiques
« Photos du mois »).

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.

À suivre...