Résumé des épisodes précédents :
On dit parfois que la réalité dépasse la fiction, c'est sans doute vrai, parfois, mais le plus souvent, c'est l'inverse (sinon à quoi servirait l'imagination). En règle générale, la réalité ne dépasse pas, elle se contente de rattraper la fiction et de lui flanquer une pichenette. Ainsi s'écroulent les plus beaux châteaux en Espagne...
La fiction a un titre : « Le nez d'Ines », un auteur : Jacques Rampal. Lecture en est donnée, un mercredi d'octobre au théâtre de la Huchette. Le charme opère dès les premières répliques, la situation de départ est pourtant bien conventionnelle : une rencontre, dans un square entre une belle dame et un monsieur entreprenant... mais les conventions sont vite pulvérisées, les personnages se révèlent, l'intrigue se noue.... Jacques Rampal ne nous gratifie pas de magnifiques alexandrins comme dans « Célimène & le cardinal » mais son écriture est toujours aussi légère et piquante. Un peu plus tard, dans l'après-midi, le public qui se disperse rue de la Huchette semble marcher sur un nuage et le grand type à l'imperméable se rend illico rue Marivaux, à la librairie théâtrale, pour se procurer le manuscrit...
La fiction se poursuit à la station Stalingrad, Léonardo (appelons-le, comme ça) connaît bien Stalingrad : en quelques mois, il en a fait son territoire de chasse, il n'est pas long à repérer le grand type sur l'escalator, l'imperméable est ouvert et le type, absorbé dans la lecture d'un journal, est immobile sur l'escalier roulant, le portefeuille est dans la poche intérieure, Léonardo ne s'y risquera pas mais la poche gauche de l'imperméable est à portée. Léonardo est rapide, discret, délicat et... déçu. La poche ne contenait qu'un petit fascicule sans la moindre illustration. Léonardo a beaucoup de difficultés avec la lecture du français et il aurait pu balancer le fascicule sur le quai du métro mais la fiction autorise les jolis rebondissements et Léonardo s'est soudain souvenu de la directive de Perrine, celle-ci a demandé à chacun d'apporter le texte ou le journal de son choix pour le prochain cours d'alphabétisation. Léonardo suit, sans grande conviction, les cours d'alphabétisation dispensés par le centre social « La Clef » et il imagine que ce petit livre pourra, peut-être, intéresser Perrine, il ne sait pas à quel point la jeune fille est passionnée de théâtre et il ne se doute pas que le petit livre va transformer leur vie. Le cours d'alphabétisation va se transformer en atelier d'art dramatique (une langue s'apprivoise tellement plus vite quand on l'interprète). Perrine sera Denise et lui-même sera Grégoire. Le roulement des R et le fort accent n'empêchent pas le talent. Léonardo/Grégoire sera émouvant, veule, drôle, cynique, charmant... tel que l'auteur l'avait imaginé. Le centre social « La Clef » abrite un petit théâtre et les premiers spectateurs seront conquis. Les copains et la famille se mobiliseront pour que la belle aventure se poursuive jusqu'à Avignon... On peut imaginer la suite : le succès, les tournées... la vie... avec Perrine...
La réalité a moins d'imagination et de générosité : faute de subventions, les cours d'alphabétisation ont été supprimés au centre social « La Clef » et le petit théâtre a été transformé en lavomatique. Perrine paie sa coloc et ses cours de théâtre en vendant des fringues dans une petite boutique du Marais. Elle a bien tenté de faire ouvreuse au « Rond-Point » mais elle n'a pas le profil (elle a fait hypokhâgne et ils n'embauchent que des stagiaires d'écoles de commerce), elle n'est pas prête de croiser la route de Léonardo...
D'ailleurs la réalité rattrape ce dernier beaucoup plus tôt, il est sur l'escalator à côté du grand type et la réalité le rattrape au moment où il met la main dans la poche de l'imperméable : il reçoit, à la pointe du menton, un revers du gauche bien senti. Pas de quoi l'assommer mais de quoi le remettre à sa place, sa triste condition de miséreux. On n'ira pas plus loin dans la violence et le type paraît, lui-même, surpris par l'agressivité de son réflexe, il n'en poursuivra pas moins par une bordée d’injures et le petit pickpocket s'en ira, penaud, vers d'autres larcins...
« Le nez d'Inès » ne mérite pas une fin si pessimiste, aussi le petit livre a-t-il quitté la poche de l'imperméable. Il a été offert à la souriante Almut, passionnée de danse et spécialiste de traductions et de sous-titrage pour le cinéma et le théâtre...
Le grand type sera désormais plus attentif dans le métro, il reviendra à Paris du 4 au 8 novembre pour jouer dans « La leçon » de Ionesco au théâtre de la Huchette, à 20h en compagnie de Nicole Huc et Stéphanie Chodat, réservation au 01 43 26 38 99. Le mardi 12 novembre à 20h30, il jouera « Capitaine Le Jan » au centre culturel de Neuvy sur Barangeon (18330) ainsi que le dimanche 17 à la salle Roger Avenet de Truyes (37320).
« Capitaine Le Jan » aux éditions de l’Harmattan, deviendra-t-il le plus gros tirage de la rentrée ?
« Le Rhinocéros » et « La Leçon » seront-ils associés en une même soirée ?
De nouvelles propositions de textes viendront elles alimenter notre travail sur « La noce » ? (on compte sur vous).
Après l’accueil enthousiaste fait à « La corde sensible », nos amis oseront-ils une aventure parisienne ?
Qu’est ce que « Monsieur Chapuis » ?
Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?
Vous le saurez bientôt, en lisant «Les nouvelles de novembre » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com (en cours de réactualisation).
Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.