Résumé des épisodes précédents :
En tant que violoniste, le travail que j’attendais de Pierrot était plus que modeste, à peine quelques mesures, à la toute fin du spectacle, juste une petite mélodie de dix secondes, très vite submergée par la musique enregistrée que Pierrot avait lui-même orchestrée... Il n’en était pas moins mort de trac !
J’avais imaginé les « Aventures du Baron de Münchhausen », à partir des œuvres littéraires de Bürger et Raspe mais aussi de la version cinématographique de Terry Gilliam. Ç’avait été un spectacle difficile à mettre en place à cause de tous ces aspects techniques qui prenaient le pas sur notre travail de comédien. Il y avait plein « d’effets spéciaux », mais réalisés à la sauce « théâtre de la Fronde » c'est-à-dire avec des bouts de ficelles, de l’ingéniosité et de la maladresse. Les scènes se succédaient vivement, parfois burlesques : une affiche qui n’en finissait pas de se redécoller jusqu'à rendre hystérique la fille du baron (Emmanuelle Tregnier aurait pu en remontrer à De Funès dans ce registre), parfois magiques : un corps jonglant avec sa propre tête... Mais le moment le plus fort était celui où le cheval du baron tombait du clocher de l’église. C’était un percheron plus grand que nature qui se décrochait des cintres et qui me tombait dessus. La surprise était telle, en début de spectacle, que le public revenu de son émotion était alors prêt à nous suivre dans les aventures les plus débridées. Et c’était Pierrot qui, des coulisses, devait libérer la guinde. La sous-perche, alors, s’inclinait, les anneaux glissaient de leurs gonds et le cheval tombait. Tout cela était réglé comme du papier à musique et il n’y eut jamais le moindre problème. Il n’empêche, Pierrot était malade de trac, écrasé par sa responsabilité, du moment, en tant que machiniste dans l’obscur spectacle d’une petite compagnie. Il faut dire que Pierrot (Pierre Bloch) est, par ailleurs, un violoniste extrêmement reconnu et apprécié. Il était, à l’époque, l’accompagnateur du chanteur Renaud au sommet de sa gloire. Il participait, en alternance, aux plus grands festivals Européens et à nos petites représentations. Je crois pouvoir affirmer que ce n’était pas nous qui lui procurions le moins d’émotions... Nous dûmes pourtant nous séparer, il avait monté le groupe « Vaguement la Jungle » et nos calendriers d’intermittents devenaient ingérables. Pierrot nous manquerait, sa fantaisie, son enthousiasme, son violon... la sonnerie intempestive de son portable... Il me recommanda, alors, Jean-Paul, comédien et violoniste débutant : « Tu verras, il sera très bien, il sait tenir un violon, j’enregistrerai les dix secondes de la mélodie, l’illusion sera parfaite ! ». J’aime le spectacle et la musique vivant(e)s. J’essayai de plaider la cause : « Mais, pour dix secondes, peut-être, Jean-Paul pourra-t-il les jouer ? Pas aussi bien que toi, bien sûr, mais pour dix secondes, ça pourra peut-être le faire ? ». Il se tourna alors vers moi : « Non, tu vois Jean-Marie, ces dix secondes-là, c’est quinze ans de boulot. »
Pas de rendez-vous avec le théâtre de la Fronde au cours de ces prochaines semaines de juillet. Ni, pour moi, au théâtre de la Huchette. Pas même d’escapade Avignonnaise... Un été à musarder sur la Loire (cf. le site de La Rabouilleuse Ecole de Loire) et aussi dans les rayons des bibliothèques pour réfléchir à notre prochaine création...
Nos amis oseront-ils tenter l’aventure de « Capitaine Le Jan » à Paris ?
Le « Rhinocéros » trouvera-t-il un second souffle ?
Quel sera le prochain projet artistique de la compagnie ?
Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?
Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de juillet » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com (bientôt rénové : ça fait partie des bonnes résolutions).
Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.