Nouvelles d'avril 2013 - Rendez-vous de mai 2013

Notre nouvel épisode :

Croûtons de pain

Résumé des épisodes précédents :

Le parapet n’est pas horizontal mais en plan (fortement) incliné, de façon à ce qu’aucun objet ne puisse y être posé et encore moins dissimulé. Le battant est ouvert (vers l’intérieur). Bernard est grimpé sur une table pour pouvoir s’accouder à la fenêtre, il tire sur sa cigarette et la fumée se glisse entre les barreaux. C’est la pause. On ne s’en autorise qu’une, alors que la séance dure deux heures et demie et parfois plus, quand les gardiens, pour des raisons diverses, nous laissent confinés dans la pièce. Pas autre chose à faire, alors, que de continuer à répéter en attendant le bruit des clefs dans la serrure. De toute façon, entrer en prison, c’est apprendre à attendre...

Des séances longues, presque quotidiennes, dans un temps court avec un spectacle à la clef. C’était la gageure de mon intervention. Elle était osée, plus que je ne l’imaginais et j’ai bien cru, un moment, que l’aventure allait tourner court faute de combattant : sur un effectif de six détenus, Eric a été libéré, Ahmed transféré, Kader gardé à l’infirmerie, quant à Léo, si brillant en improvisation, il a reculé devant la perspective de se donner en spectacle devant ses codétenus. Je m’en voulais de mon inexpérience, heureusement Bernard et Julien se sont accrochés...

Bernard et Julien ont à peu près mon âge et c’est la picole qui les a menés en prison, pour Léo c’est le pétard, les autres, je ne sais pas... On se parlait un peu durant la pause, je n’étais pas là pour poser des questions sur leur vie mais pour faire du théâtre. Je ne doute pas de l’intérêt, en soi, d’un atelier mais je suis, avant tout, un homme de spectacle, j’ai besoin que le travail tende vers sa représentation, j’aime cette tension, cette concentration qui prélude aux « trois coups », j’ai envie de convaincre un public...

La représentation a eu lieu dans la salle qui sert, par ailleurs, au culte et aux cours de code routier, une moquette noire a été déroulée sur le béton, les fameuses fenêtres ont été tendues de noir. Pour tout décor : une chaise et deux armoires métalliques. Mais j’avais apporté des projecteurs et un jeu d’orgue. J’espérais récupérer Léo via un travail de technicien. Peine perdue et c’est Lucile qui, entre deux coups d’archet, a dû envoyer les effets lumineux. Ah Lucile ! Le spectacle lui doit beaucoup ! Il n’y avait pas que des enfants de chœur parmi nos spectateurs et malgré le savoir-faire de l’un et la qualité d’engagement des autres, on pouvait s’attendre à quelques lazzi qui fuseraient de la salle plutôt que de la scène, il n’en a rien été. Les durs à cuire, comme les autres, sont restés bouche bée, les vibrations du violoncelle ont porté autant que les mots et le charme de l’instrumentiste a joué bien plus que les facéties des acteurs. La musique vivante a donné à notre intervention sa véritable dimension de spectacle.

Voilà, c’était par une lumineuse après-midi de fin avril et les portes du pénitencier derrière moi se sont refermées. Curieux métier qui m’a conduit, en l’espace de quatre jours, d’une boîte de nuit de Rochecorbon (pour le tournage du prochain long-métrage de Pascal Rabaté) à un château d'Esvres (pour l’animation d’une noce) et à la maison d’arrêt de Tours. J’en garderai, au moins, cette image surprenante : j’avais rejoint Bernard sur la table et je regardais à travers les barreaux, sous mes yeux le toit de l’atelier où les détenus travaillent à l’ensachage de magazines, au loin un chemin de ronde dépourvu du moindre brin d’herbe, à droite une façade, les fenêtres s’alignent sur un rez-de-chaussée et deux étages, toutes sont équipées de barreaux mais sur nombre d’entre elles on a rajouté une grille métallique percée de petites alvéoles comme un triste moucharabié. « C’est pour éviter que les gars se balancent des trucs de cellule en cellule, comme des téléphones portables ou des bouts de shit » m’explique Bernard. De fait, il y a malgré tout, quelques ficelles qui pendent à ces grilles mais j’aperçois aussi des croûtons de pain coincés dans les alvéoles.

- Et ça, c’est pourquoi ?
- Ça c’est pour attirer les oiseaux, ils volent, ils s’approchent, ils sifflent, ils picorent... Ça distrait. »

Vendredi 3 mai à 21h nous donnerons « Capitaine Le Jan » à la Touline à Azay-sur-Cher, il faut réserver au 02 36 43 01 08 mais je ne sais pas s’il reste des places. Attention, le spectacle sera donné, pour la première fois, dans une configuration particulière : le premier acte en salle, le deuxième sur la scène aménagée dans le jardin de la Touline. On a fait le pari d’une douce soirée de mai, c’était peut-être un peu audacieux. Il est recommandé d’apporter sa petite laine, voire un imper...

Lundi 13 mai, une soirée Poésie-Théâtre, organisée par l’éditeur, se déroulera de 19h à 21h à la librairie Espace Harmattan, 21 bis rue des Ecoles, 75005 Paris, quatre auteurs sont conviés, chacun donnant une lecture d’une dizaine de minutes. Pour la circonstance, je serai accompagné par Sylvia Bruyant. L’entrée est libre mais le lieu n’étant pas immense il vaut mieux m’appeler, préalablement, au 06 10 21 38 62. La semaine se poursuivra à Paris, au théâtre de la Huchette : 01 43 26 38 99 où je reprendrai « La Leçon » de Ionesco, du mardi 14 au samedi 18 mai, 20h, en compagnie, cette fois, de Pauline Vaubaillon et Catherine Day.

Nos amis trouveront-il une salle parisienne prête à tenter l’aventure de « Capitaine Le Jan » ?
Quel est le programme de
« Plaisirs de Loire », à Rochecorbon (37), le dimanche 2 juin ?
Comment embarquer à bord de la
« Rabouilleuse » et la « Foraine » pour une inoubliable découverte de la Loire ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de mai » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site* : http//www.theatredelafronde.com (bientôt rénové : ça fait partie des bonnes résolutions).

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.

* Pour tout ce qui concerne la Loire, il vaut mieux surfer sur le site « La Rabouilleuse Ecole de Loire » mais d’autres courriels suivront...