Nouvelles de janvier 2013 - Rendez-vous de février 2013

Notre nouvel épisode :

Joaquim

Résumé des épisodes précédents :

Il y a des pays qu’on découvre, le temps d’une tournée, et avec lesquels on se sent des affinités. On s’y sent bien, on imagine qu’on pourrait y vivre. Mais la vie, en tournée, est un peu factice et ce ne sont peut-être là que des illusions. On se laisse griser par la chaleur de l’accueil. Ce fut le cas, pour moi en Ukraine, grâce à l’amitié d’Olga Nirod et de sa famille... Ce fut aussi le cas au Portugal, et je le dois à Joaquim Benite...

Le décor dans la malle, les valises bouclées, il ne nous restait plus qu’à rentrer à la maison. La veille, on avait donné « Bastille-Bastringue » pour l’ambassade, au centre culturel français de Lisbonne, et on ne se doutait pas qu’au même moment, des comédiens rataient leur embarquement à São Paulo. On ne se doutait pas que le directeur du festival d’Almada, de l’autre côté du Tage, allait nous appeler en catastrophe, qu’un spectacle de chansons réalistes franchouillardes allait remplacer un show à la brésilienne, et que l’aventure durerait quinze ans...
Le festival reflétait la générosité, l’utopie de son créateur, il répondait, aussi, aux aspirations de tout un peuple (la révolution des œillets était encore proche). Joaquim avait vécu des années dans la clandestinité (il me montra un jour, le jeu de faux-papiers qui lui avait permis d’échapper à la police de Salazar). Il avait une conception militante du théâtre et voulait inscrire Almada dans la filiation du festival de Nancy. Lui-même m’évoquait Jean Vilar, ses mises en scène étaient amples, il avait l’ambition de porter les grands textes (Camus, Sanchez Sinesterra...) vers le plus large public.

Le festival d’Almada durait une dizaine de jours, en juillet, et c’est le seul où l'on venait avec les enfants. Presque tous les ans on présentait nos différents spectacles, on retrouvait notre ami Milan Vukotic, le géant serbe (qui était devenu la mascotte d’Almada). Des spectacles investissaient la ville, venant d’Angola, du Brésil, du Mozambique... Participer au festival d’Almada, ce n’était pas se contenter de jouer puis de dégager le plateau le plus vite possible pour laisser place au suivant (comme dans la chanson de Brel), c’était une immersion complète, jours et nuits, dans un monde de littérature, de rythme... C’était aller à la plage, au musée, au théâtre, au café... Visiter le Portugal et, au-delà, découvrir le vaste panorama de la création contemporaine du monde lusophone...

Un soir d’avril 96, c’est Joaquim et sa troupe qui étaient en tournée en Touraine et il m’interrogeait sur mes projets, je lui parlai de ma découverte d’une version étonnante et pratiquement inconnue du « Rhinocéros » de Ionesco. Cette découverte n’avait pas soulevé une vague extraordinaire d’enthousiasme dans le microcosme politico-culturel local et j’étais, comme à l’accoutumée, privé de tout soutien. « Si tu penses pouvoir être prêt pour le festival, je produis ton spectacle. » Ce mois d’avril fut l’un des plus longs de mon existence : j’avais déposé ma demande auprès de la société des auteurs. La réponse positive arriva début mai et je commençais, aussitôt, à travailler d’arrache-pied. En juillet, à la création, le succès fut immédiat. Une tournée d’une douzaine de dates suivit à travers tout le Portugal, puis ce fut l’Arménie et enfin... la France. «Rhinocéros » tourne encore, aujourd'hui, et je l’interprète toujours avec autant d’enthousiasme. Mais je n’oublie pas que l’élan initial, la première marque de confiance est venue du Portugal.

Quelques mois plus tard, Joaquim me faisait une autre proposition :

« Écoute Jean-Marie, dans deux ans, il y aura l’Exposition Universelle de Lisbonne. La ville est grande, accueillante, on y parle couramment le français, il y a de la place pour une compagnie professionnelle de langue française.
- Mais Joaquim, je ne parle pas la langue ?
- Une langue, ça s’apprend ! Si tu veux, je t’embauche. Pendant un an, je trouverai à t’employer comme comédien. Dans un an, tu parleras suffisamment bien le portugais. Ton travail commence à être reconnu, ici, tu pourras véritablement développer ta compagnie. Professionnellement, tu as plus d’avenir chez nous que chez toi ! »

La proposition était troublante et tentante, on y a beaucoup réfléchi, on a hésité et finalement on a décliné pour des raisons familiales et de scolarité des enfants. Paradoxalement, c’est sans doute le succès de « Rhinocéros » qui m’a permis de rester en France à continuer de tirer le diable par la queue. Bien sûr, Joaquim ne m’en a pas voulu, il a continué à nous aider : en 2007, il a accueilli nos « Konkasseurs de Kakao » dans le magnifique théâtre qui, aujourd’hui, porte son nom.
Curieusement, on ne s’écrivait pas souvent Joaquim et moi, et on se téléphonait peu. On faisait confiance au hasard et celui-ci faisait bien les choses. À chaque festival d’Avignon, on finissait par se croiser à une heure avancée, place de l’Horloge ou rue des teinturiers et on poursuivait la soirée à parler théâtre, politique... ou des enfants.

A cause d’une pneumonie, on ne se croisera plus.

Le samedi 9 février à 20h30, nous donnerons une représentation de « Capitaine Le Jan » à la salle des fêtes de Marcilly-sur-Vienne (37). Renseignements et réservations au 02 47 65 34 39.

Le lendemain, dimanche 10 février, c’est en matinée à 17h que nous donnerons une deuxième représentation de « Capitaine Le Jan », à l’Espace Jean Cocteau de Monts (37). Réservations au 02 47 37 11 71 ou au 06 32 73 17 98.

Le vendredi 15 février à 20h30, nous retrouverons la Grange-théâtre de Vaugarni à Pont de Ruan (37) qui avait accueilli nos premières répétitions. Mais, cette fois, ce sera pour une troisième représentation de « Capitaine Le Jan ». Réservations au 02 47 73 24 74.

Du mardi 19 au samedi 23 février à 20h, je serai de retour au théâtre de la Huchette pour « La Leçon » de Ionesco que j’interprèterai en compagnie de Valérie Choquard et Catherine Day. Réservations au : 01 43 26 38 99.

Quelle sera la date de parution de « Capitaine Le Jan » aux éditions de « L'Harmattan » ?
Pourquoi n’y a-t-il pas de représentation prévue en mars prochain ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de février » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com (bientôt rénové : ça fait partie des bonnes résolutions).

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.