Résumé des épisodes précédents :
Quand je joue « Rhinocéros », si la tournée est trop lointaine, je délaisse le camion « Menuiserie ». Je prends l’avion et, avec un peu de temps et de débrouillardise, on trouve sur place ou on fabrique la plupart des éléments du décor nécessaires à la représentation. J’emporte alors, dans les soutes, le strict minimum : un châssis de fenêtre en aluminium.
Nous revenions d’une jolie tournée en Roumanie qui nous avait baladés d’Iasi à Cluj en passant par Bistritsa. Quand une tournée est lointaine et comporte plusieurs dates, on a toujours un peu d’appréhension quant aux délais et à l’acheminement des décors (trains – avion – camionnette)... Vaines inquiétudes, en l’occurrence : la tournée avait été bien organisée par les centres culturels Français et on a même pris le temps de nous faire découvrir les magnifiques monastères Roumains...
Nous étions donc, Serge et moi, sur la route du retour, dans le TGV, à l’arrêt en gare de Roissy et nous chargions tranquillement nos effets personnels ainsi que le fameux châssis. Prochaine étape : Saint-Pierre-des-Corps, ensuite, la maison. Soudain un type a fait irruption sur la plate-forme en hurlant : le responsable du train.
- Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
Il désignait le châssis. Celui-ci consiste, je le précise, en un cadre en alu et bois de 80 cm de côté ainsi que 2 tubes carrés du même métal, le tout doit peser une demie-douzaine de kilos. Je tente un début d’explication.
- Je ne veux pas le savoir. Ça n’a rien à foutre ici ! Ça doit être transporté par frêt !
Je ne veux pas me montrer désobligeant envers les sociétés de frêt mais y avoir recours dans le cadre d’une tournée c’est la certitude de disposer de son décor trois semaines après la date de représentation, j’essaie d’argumenter.
- Vous êtes complètement irresponsable, c’est dangereux !
- Dangereux ? Mes six kilos d’aluminium ? Ça se range entre deux valises ! Et moi de soulever, d’une main, mon décor.
- Bien sûr ! Dangereux... En cas d’accident !
- ?
- De toute façon, on ne discute pas. Je suis le responsable du TGV et il ne partira pas tant qu’il y aura ce machin à bord. Trop dangereux !
- (j’essaie de rester calme) Je réalise bien que je vais avoir du mal à vous convaincre du peu de dangerosité de mon décor mais, de votre côté, vous allez avoir du mal à me convaincre de descendre du TGV.
- Si moi je n’y arrive pas, les flics eux, ils y arriveront !
Ils y sont arrivé... Mais pas tout de suite et entre temps, le wagon prenait des allures de happening, de théâtre d’intervention à la Augusto Boal : il y avait les râleurs, les rieurs (majoritaires), les tenants de l’ordre et de la sécurité du monde, les contempteurs de la république Sarkozyste... Et la diversité d’opinion s’exprimait avec une véhémence qui allait crescendo... La force publique est enfin apparue.
Elle est même apparue en force, la force publique : 3 agents SNCF, 3 policiers, 3 militaires en tenue avec la mitraillette règlementaire.
Je regrette que Serge n’ait pas pris de photo : j’avais bonne mine, mon décor à la main, au milieu de tous ces gens d’armes. Les policiers étaient consternés. Je me suis excusé : « Je suis vraiment désolé, pour vous, mais aujourd’hui vous n’avez pas arrêté Al Capone. J’imagine que, quand vous avez choisi de faire ce métier, vous n’imaginiez pas que vous serviriez à régler des choses aussi dérisoires... » Ils m’ont souhaité bon courage, le train est reparti et eux aussi... Je m’attendais à une forte amende (le TGV avait pris 45 minutes de retard) et c’est la première fois de ma vie qu’on m’arrête sans même me demander mes papiers...
L’histoire pourrait s’arrêter là, et me laisser sur le quai entre deux agents (la troisième, une jeune femme assez désagréable, était remontée dans le TGV) mais ce serait compter sans Abdel et Akim, 40 ans à eux deux, agents stagiaires à la SNCF...
L’histoire se prolongera donc le mois prochain.
Pour l’heure, il est plus que temps de préparer nos rendez-vous des semaines à venir et d’abord, la soirée de samedi prochain 8 décembre à Chédigny (37) : nous fêterons les 30 ans d’activités du théâtre de la Fronde.
Le programme :
- À 20h30 : « Capitaine Le Jan », cette création est toute récente, on a eu un petit problème technique le jour de la première qui a rendu la représentation un peu confuse mais tout s’est arrangé dès le lendemain, et les retours sur ce dernier spectacle sont très élogieux (il est prudent de réserver auprès de NACEL : 02 47 92 22 26).
- À 22h : « Foire d’Empoigne » de et avec Pascal Peroteau, humour musical.
- À 0?h00 : soupe à l’oignon et entre-temps dans l’intervalle, on rit, on danse, on mange, on arrose (comme d’habitude)
Entrée libre à partir de 22h – Renseignements au théâtre de la Fronde : 06 10 21 38 62.
Mais auparavant : « L’histoire nous sculpte, nous construit... » Sous ce nom générique nous avons mis en place différentes manifestations : une exposition réalisée par la direction des archives du Conseil Général d’Indre & Loire (du 6 au 14 décembre à la salle des fêtes de Chédigny) – une conférence sur la captation de l’histoire au sein des familles, animée par Véronique Tison, psycho-généalogiste (jeudi 6 décembre à 20h30) – une conférence sur le Capitaine Le Coz animée par Bernard Briais, historien et Vincent Tison, romancier (vendredi 7 décembre à la bibliothèque de Chambourg-sur-Indre) – Entrée libre, réservation pour toutes ces manifestations à NACEL : 02 47 92 22 26.
Ensuite, du mardi 11 au samedi 15 décembre, je reprendrai mon rôle dans « La Leçon » de Ionesco avec Stéphanie Chodat et Marie Cuvelier au théâtre de la Huchette, réservation : 01 43 26 38 99.
Le 21 décembre à 14h, nous donnerons une représentation scolaire de « Rhinocéros » dans la salle de La Haye à Ballan-Miré (37). Et ce sera notre dernière représentation... de cette année 2012.
La bonne humeur d’Abdel et Akim fera-t-elle oublier le caractère irascible de leur collègue ?
La salle des fêtes de Chédigny pourra-t-elle contenir tous les amis et les spectateurs venus fêter le trentenaire de la compagnie et applaudir « Capitaine Le Jan » ?
La communauté de communes de Loches disposera-t-elle, un jour, du système de gradinage mobile que nous réclamons depuis 15 ans ?
Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?
Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de décembre » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com
Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.