Nouvelles de juillet 2012 - Rendez-vous de septembre 2012

Notre nouvel épisode :

Le cadeau d’anniversaire

Résumé des épisodes précédents :

Dans la famille Nirod, qu’on demande le grand père, le père, ou les multiples petits enfants, on est assuré d’avoir affaire à un artiste plasticien. Notre amie Olga (la mère), danseuse et comédienne, faisait exception mais Margot son aînée a repris la tradition : elle est sculpteuse. Comment faisait-elle pour vivre de cet art dans l’Ukraine ultra-libérale des années quatre-vingt-dix ? Kiev m’évoquait, alors, la ville de Mahagony de Brecht et Weil. Comment Margot pouvait-elle s’en sortir, entre maffia et pénurie ? Elle avait une combine...

Je la rencontrais, par hasard, dans une rue de Kiev, et elle me fit découvrir son nouveau travail. Elle m’entraîna dans une des innombrables barres d’immeubles de la périphérie. Nous descendîmes à la cave... L’atelier était assez grand, il était rempli de pierres tombales. « Mon patron est un ancien copain des Beaux-Arts, c’est lui qui trouve les contrats et je fais une bonne part du boulot - m’expliqua-t-elle - ça paie bien... » Le « boulot » consistait à sculpter, sur la pierre tombale, le buste du disparu. « Je dois travailler vite et être le plus réaliste possible, je sculpte d’après photos. » Un visage gravé dans le marbre était celui d’un robuste jeune homme d’une trentaine d’années au sourire vainqueur. La gravure reflétait fidèlement la photo qui illustrait un article découpé dans le journal local. Margot m’en traduisit le contenu : « ... Sa vieille mère effondrée déclare aux policiers : " il n’était pas raisonnable, combien de fois lui ai-je répété « soit prudent ne sors pas sans tes gardes du corps... » " ». Le jeune homme a été exécuté à la sortie de son restaurant.
Margot était enjouée : « Tu n’imagines pas à quel point ces nouveaux riches sont stupides... Jusque dans la mort, ils veulent épater le voisin. Leurs enterrements sont des feux d’artifices de vulgarité ! Pour nous c’est une aubaine. »

Sur une autre plaque, le travail était à peine ébauché, la mort était très récente. Margot me montra la photo qui devait lui servir de modèle : le visage radieux d’une jeune beauté blonde. Margot m’expliqua : « C’était, hier, l’anniversaire de ses dix-huit ans et son père lui a offert un 4x4 dernier cri ainsi que le permis de conduire. En Ukraine il n’est pas nécessaire de prendre des leçons pour avoir le permis, il suffit d’y mettre le prix. Elle a fait quelques kilomètres et s’est tuée au volant de son bolide... »
La jeune fille aurait, aujourd’hui, une bonne trentaine d’années. Son histoire me poursuit depuis ce temps. Je pense à la détresse de son père, à sa bêtise aussi. Etre aveuglé par sa richesse au point d’oublier que le minimum de savoir-faire et d’automatismes nécessaires à la conduite d’une voiture ne s’achète pas, au point de ne plus voir que l’argent ne peut pas tout... Et consacrer encore une miette de cette fortune à payer une sculpteuse...

Aujourd’hui, ni le monde ni les artistes n’ont vraiment changé. On se veut donneur de leçon, lanceur d’alerte et on se contente le plus souvent d’accompagner la société dans ses errements en tentant de profiter des aubaines qui se présentent (subventions ou commandes)...

A ceux que ce propos désenchanté déprimerait, un contre-exemple : « Un avenir radieux, une fission française », spectacle à contre-courant, vu à Avignon, lors du dernier festival et qui pourrait nous rendre moins docile... Nicolas Lambert est déjà l’auteur de « Elf la pomp’Afrique », cette fois, c’est au nucléaire qu’il s’attaque, il le fait avec une clarté, un humour et un talent qui revigorent.

Du coté de Toulouse, Claire Saint-Blancat travaille à la réalisation des décors de « Capitaine Le Jan ». En Touraine, avec Yoann Daunay, nous avons bien entamé les répétitions et à Paris Valérie Choquard, Marie Cuvelier et moi-même jouons « La leçon » du mardi 31 juillet au samedi 4 août puis du 7 au 11 août, à 20h, réservation au théâtre de la Huchette : 01 43 26 38 99. Cependant qu’à Chédigny (37), on met la dernière main à l’ultime édition du festival de Blues, renseignements sur www.blues-in-chedigny.com.

L’association « La Rabouilleuse / école de Loire » disposera-t-elle bientôt d’une gabarre ?
« La corde sensible» : est-ce un nouveau spectacle au répertoire de la compagnie ou le nouveau titre de celui qu’on appelait « Nouvelles de mon cru » ?
Y aura-t-il enfin du miel dans les ruches, cet été ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'août » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com