Nouvelles de février 2012 - Rendez-vous de mars 2012

Notre nouvel épisode :

Passage de frontière

Résumé des épisodes précédents :

À se baguenauder dans des véhicules improbables au contenu hétéroclite dans des contrées lointaines on s’expose à quelques tourments. Les passages aux frontières, en particulier, sont des moments délicats qui requièrent détermination et sérénité. J’ai ainsi pu faire une coquette provision de souvenirs parfois drôles (un jeu de carte truqué à Kiev), tendres (un poème de Prévert à un douanier marocain), tonitruants (un échange d’insultes avec son collègue autrichien), sécuritaires (un placement en zone de rétention dès l’atterrissage à Montréal)... Les douaniers ne seraient-ils pas, aux gens ordinaires, ce que sont les ambassadeurs aux grands de ce monde et l’accueil aux frontières n’est-il pas révélateur de la réalité d’un pays... A cet égard, il faudra, un jour, que j’écrive sur celui réservé à un malheureux comédien de retour de Roumanie par une demi-douzaine de flics et militaires en armes... C’était en novembre 2009, gare TGV à Roissy...
Pour l’heure : un souvenir plus lointain et bien plus aimable...

Je ne me souviens plus du nom de ce petit poste frontière perdu dans les Carpates entre la Hongrie et l’Ukraine. Je me souviens d’une tournée qui s’annonçait difficile et qui commençait mal (bloqués deux jours en Autriche... Une nuit sans sommeil dans le camion, par crainte de pillage, en Hongrie...). Nous devions retrouver le reste de l’équipe le lendemain à Oujgorod pour une représentation inspirée de nouvelles de Maupassant, nous n’étions plus très loin du but mais cette interminable file immobile devant nous était de fort mauvais augure et notre camionnette était bien misérable, coincée entre d’énormes poids-lourds... Je l’abandonnai aux mains de Fred, mon collègue technicien et je gagnai à pieds la petite cahute vitrée. J’étais armé de patience, d’un livre de poche (pour la patience) et de divers feuillets administratifs auxquels je ne comprenais rien. A l’intérieur de ce qui semblait un vivarium, l’atmosphère était moite mais courtoise. Le local était bondé mais il n’était pas nécessaire de jouer des coudes : le guichet étant fermé, pas de file d’attente. Juste l’attente... Absurde, insupportable, kafkaïenne. Trop nombreux pour nous assoir, chacun était debout pressé contre son voisin. J’avais réussi à extraire mon livre, un petit roman de Süskind, et, coudes serrés, je le tenais contre mon nez...

« Le Parfeum ! Vous sêtes Fronçais... » Le petit homme était campé face à moi, les chauffeurs de poids-lourd s’étaient respectueusement tassés, plus encore, pour lui faire un peu d’espace. Il n’avait pas trente ans mais il en imposait, sanglé dans une vareuse beige à épaulettes et coiffé d’une remarquable casquette militaire plate à grande visière. C’est bien la seule fois de ma vie que j’ai ressenti le prestige de l’uniforme... « J’ai une mauvaise nouvelle pour vous... » Il parlait bien ma langue, malgré son accent, et pourtant je me suis senti loin, soudain, de ma maison et... du théâtre. Heureusement, il a continué : « L’OM a été battu par le Milon AC : deux à hun ! ». Je balbutiai quelques phrases confuses ne sachant si je devais me réjouir ou feindre d’être affecté par cette défaite. Il m’a fait signe de le suivre, nous ne sommes pas allés jusqu’au bureau, il a tamponné les documents, claqué les talons... Et la camionnette s’est faufilée entre les poids-lourds...

Les années ont passé, si le foot me laisse toujours indifférent, j’aime bien l’OM parce que j’aime Marseille où j’ai vécu quelques semaines (le temps d’un spectacle) et pourtant, paradoxalement, chaque fois que l’OM perd... Ça me fait sourire...

Pas de représentation en mars pour le théâtre de la Fronde mais des répétitions de « Capitaine Le Jan » dont nous donnerons, Sylvia Bruyant et moi, une lecture chez Isabeau de Touraine les samedi 31 mars et dimanche 1er avril prochains, information et réservation au 02 47 59 47 55. Auparavant, du mardi 20 au samedi 24 mars à 20h : « La Leçon » de Ionesco, au théâtre de la Huchette : 01 43 26 38 99.

Les huissiers pourchasseront-ils nos amis jusqu’à La Réunion où ils participeront au festival Kom'idi ?
Jean-Marie Sirgue devra-t-il se laisser pousser la barbe pour le rôle de Tolstoï dans une mise en scène de Jean-Denis Monory ?
Le succès guette-t-il notre
« Capitaine Le Jan » en lecture chez « Isabeau de Touraine » à Loches ?
La salle « Meusnier-Tulasne » de Chédigny suffira-t-elle à accueillir tous les amateurs de tango qui vont se presser à la milonga du 14 avril et l’avant-première du spectacle
« Le silence après Bach », une création chorégraphique de Camille Dantou et Mickaël Cadiou sur « Les suites pour violoncelle seul » ?

- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de mars » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.