Nouvelles de septembre 2011 - Rendez-vous d'octobre 2011

Notre nouvel épisode :

Les lumières bleues

Résumé des épisodes précédents :

En quelques vingt années, le ciné-club était devenu une institution à l’échelle du village, ça se passait une fois par mois, en fin de semaine. C’est Bertrand, instituteur de profession et technicien de spectacle par passion, qui faisait office de projectionniste et c’est là, dans la salle des fêtes, que j’ai découvert des films aussi différents que
« The rose », « Les aventuriers de l’arche perdue », ou « Travail au noir »... Quant à « Cinéma Paradiso » on le voyait, en prime, à chaque séance, non pas sur l’écran mais dans la salle...

Dédée, antiquaire dans le bourg voisin, avait eu cette belle idée : elle venait toujours avec un paquet de bonbons. Quand, sur l’écran, le baiser durait trop longtemps ou que la scène était trop explicite, Elle en lançait, à la volée, une poignée. Le crépitement des bonbons sur le parquet de la salle provoquait la plongée immédiate de tous les jeunes spectateurs... Ou plutôt non. Pas tous. C’était selon les tranches d’âge : jusqu’à six ans, on plongeait sans vergogne, sans atermoiement et sans se poser de question. Après douze ans, une avalanche de bonbons n’aurait pas détourné un regard... Entre les deux, on hésitait, on voulait fromage et dessert, beurre et argent du beurre... L’œil restait collé à l’écran et la main tâtonnait vainement sur le plancher... Résultat, les petits avaient déjà tout piqué et, là-haut, trop tard : la dame était déjà rhabillée... Les parents, hilares, regardaient toute cette agitation... Je n’ai jamais connu plus aimable censure, plus jolie façon d’accommoder les plaisirs et de passer insensiblement du bonbec au bécot... C’est dire si je suis attaché à l’écran majuscule, l’écran collectif, celui du ciné-club de mon village ou celui des « Studios » à Tours.
L’écran familial, celui de la télévision, me renvoie à des plaisirs d’enfance et d’adolescence dans le calme du salon, devant « Mannix », « Les Shaddoks » ou « La piste aux étoiles » mais, plus tard, je n’en ai pas voulu dans ma maison.
Quant à l’écran individuel, celui des iPod, iPad et autres portables, je m’en méfie. Deviendrais-je le grincheux de service ? Je reconnais pourtant bien du mérite, du talent et de l’inventivité aux vidéastes que j’ai croisés pour mon plaisir ou dans le cadre de mon travail et je trouve agréable de pouvoir échanger une vidéo aussi simplement que jadis on prêtait un disque mais je n’aime pas cette lumière bleue que j’ai vu se refléter sur des visages adolescents. C’était l’hiver dernier, une soirée de gala avec remise de diplôme à des apprentis méritants. Le théâtre était plein : outre les jeunes gens, il y avait leurs enseignants, les patrons de PME qui les avaient accueillis et quelques élus. Nous donnions « Les Konkasseurs de Kakao », notre spectacle le plus joli, le plus léger, le plus drôle... Un spectacle qui nous a valu, partout, tant de succès, d’applaudissements... Et là : rien ? Un trou noir ? Un océan de stupéfaction ! On parle pourtant la même langue ? Le silence n’est pas hostile, les gens sont polis, figés, impressionnés, peut-être, par la pompe du théâtre et de la soirée de gala ? Un spectacle moins littéraire, plus coloré, un humour plus épais les aurait, sans doute, déridés, mais là !... Prévert, Desproges, Pennac... Entre une remise de médaille et un discours sur le développement économique ? Dans le silence de la salle on entendait les sièges, discrètement, qui se repliaient... J’ai déjà joué, souvent hélas, devant une salle vide mais c’était la première fois que je jouais devant une salle qui se vide... On a l’impression de nager à contre-courant, on s’accroche à son texte comme à une bouée. La fin du spectacle est une rive lointaine qui se dérobe... Et soudain, tout près : une lumière bleue sur un visage, puis une autre et une autre encore... Des dizaines de lumières bleues comme autant de portes qui se ferment, de dos qui se tournent, de mains qui se refusent... Des adolescents qui vous renvoient, silencieusement, à la figure votre Prévert, votre Hugo, votre Nougaro, votre passion du spectacle vivant comme autant de vieilles lunes hors de saisons. Et, là-haut, proche et lointaine à la fois, la lueur bleue du cyber-espace qui vous nargue, vous scrute et semble se demander lequel, du moustachu à l’accordéon ou du grand frisé, est bien Sancho Pança.

Le théâtre de la Fronde ira combattre les moulins à coup de « Rhinocéros » au Festival du théâtre de l’Escabeau à Briare-le-Canal (45), ça sera le dimanche 30 octobre à 15h, réservation au 02 38 37 01 15. Entre temps, le 8 octobre, à la médiathèque de Joué-lès-Tours (37) à 16h, je lirai des extraits de textes de J.M.G. Le Clézio. Le lundi 17 octobre une autre lecture : « Les amateurs » de Chantal Charrier, à 14h au théâtre de la Huchette à Paris, réservation au 01 43 26 38 99 et, toujours à la Huchette, du 12 au 22 octobre je reprendrai, à 20h, mon rôle de professeur dans « La Leçon » d'Eugène Ionesco.
Petite anticipation sur le prochain mois de novembre : nous donnerons plusieurs représentations en Touraine avec le concours du service des bibliothèques départementales, et, parmi celles-ci, la création de la version définitive de « Nouvelles de mon cru » avec la jeune et talentueuse Lucille Louis au violoncelle. Ce sera le dimanche 6 novembre à 15h dans la salle de Truyes (37).

Quelles seront les retombées du festival d’Avignon ?
Combien de structures ont-elles, d’ores et déjà, apporté leur soutien à notre projet
« Capitaine Le Jan » ?
Combien serons-nous à apprécier le magnifique travail de la comédienne Marie Thomas qui jouera
« Le cabaret de la vie » à partir de poèmes de Jean-Pierre Siméon ? Ça se passera dans la salle des fêtes de Chédigny (entièrement rénovée) le samedi 8 octobre à 20h30, réservation à NACEL au 02 47 92 22 26.
Quelle sera la prochaine « photo du mois » qui apparaîtra sur notre site ?

Le succès les guette, les huissiers les pourchassent !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'octobre » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.