Nouvelles de juillet 2010 - Rendez-vous d'août 2010

Notre nouvel épisode :

Piqûre

Résumé des épisodes précédents :

À vouloir incarner des personnages, épouser leur langue mais aussi leurs gestes et leur défroques, les comédiens ont gagné une réputation de vanité, de vacuité. On pourrait les accuser de coquetterie et de superficialité factice.

Il faut se garder de tels jugements, il n’y a rien de factice dans un comédien qui se maquille, il y a juste quelqu'un qui travaille à disparaître pour mieux servir un auteur. Un jour, après une représentation de « Rhinocéros », une amie a dit : « D’abord on se réjouit de voir jouer un copain, puis on oublie l’ami pour voir le comédien, puis on oublie le comédien et on voit le personnage, enfin on oublie le personnage et on écoute le texte ». Je ne crois pas avoir jamais reçu plus beau compliment. Je suis pourtant mal à l’aise devant ces comédiens qui semblent disparaître et n’avoir pas de vie en dehors du plateau. On dit d’eux « Il (elle) se donne entièrement à son art » mais que donnent-ils donc ces purs esprits ?
Je crois plus volontiers à un équilibre entre vie réelle et fiction, l’une et l’autre se nourrissant mutuellement. L’intrusion d’un univers dans l’autre peut provoquer des cataclysmes psychologiques : il y a, à côté de chez moi, dans le village de Courçay, en Touraine, une route dite « de Napoléon ». L’empereur n’y est pour rien (ou du moins pas directement). Cette route longe une belle propriété du début du XXème siècle. Celle-ci appartenait au comédien qui jouait le rôle de Napoléon dans le film d’Abel Gance. Je ne me souviens plus du nom du comédien, lui-même ne s’en souvenait plus : il a fini sa vie en se prenant pour l’empereur...
Quand c’est la vie réelle qui fait intrusion sur le plateau les conséquences sont moindres. L’hiver dernier, à la comédie française, après la représentation du spectacle de Lagarce « Juste la fin du monde », au moment des saluts, une voix enregistrée annonçait gravement « Mademoiselle Lepoivre, interprète de Catherine, ayant eu un accident, elle a été contrainte de jouer avec un plâtre, nous tenions à vous faire savoir que ce plâtre n’est pas de la volonté de l’auteur ni du metteur en scène ». Les applaudissements redoublaient, on saluait le courage d’Elsa Lepoivre. Celle-ci souriait mais on la sentait confuse. On n’a pas su si c’était au ski ou à la piscine... On ne nous a rien dit de la vie privée de Mlle Lepoivre (on est à la comédie française, pas dans la presse de caniveau). Il n’y a certes rien de glorieux à voir les aléas de sa vie parasiter ainsi une interprétation mais je me garderais bien d’accabler Elsa Lepoivre : il m’est arrivé, en 2007, une mésaventure du même tonneau. C’était au printemps et je faisais mes premières armes d’apiculteur. Ma récolte : un dard sous l’œil. Deux jours plus tard, je jouais les Konkasseurs avec une tête de Konkassé...
Aujourd’hui, je suis un apiculteur nettement plus confirmé : je ne m’approche de mes ruches que quand je suis à bonne distance d’une représentation. C’est ainsi que quand je jouerai « Rhinocéros » au festival de Figeac le vendredi 6 août à 20h (réservation au 0825 00 33 03)... j’aurai désenflé.
Ensuite : du lundi 9 au samedi 14 août, je retrouverai Emilie Chevrillon à 20h, au théâtre de la Huchette à Paris, téléphone : 01 43 26 38 99, pour jouer « La Leçon » de Ionesco, j’en repartirai très vite le samedi soir pour rejoindre Chédigny, j’arriverai peut-être à temps pour les dernières mesures de « Nathan & the Zydeco Cha Cha » sur la place du village, sinon, le lendemain, ce seront les artistes Cubains qui donneront de la voix : Maria Ochoa et Omar Sosa entre autres...

Le succès les guette, les huissiers les pourchassent !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'août » !

Vous en saurez un peu plus en visitant notre site : www.theatredelafronde.com et beaucoup plus en venant nous voir !