Nouvelles de juin 2009 - Rendez-vous de juillet 2009

Notre nouvel épisode :

Anecdote chinoise

Résumé des épisodes précédents :

C’était, il y a plus de quinze ans, et nous étions en tournée en Chine...

Nous étions accompagnés, pour la circonstance, par deux interprètes : la charmante Mademoiselle Bi et celui qui voulait qu’on l’appelle Jacques... Mademoiselle Bi parlait le français avec une application scolaire on sentait qu’elle avait été une élève sérieuse et qu’elle resterait, comme ça, sérieuse, charmante et appliquée toute sa vie... Jacques était fou de la langue et de la culture française, il avait un fils qu’il avait prénommé Guy en hommage à Maupassant, il parlait le français avec un fort accent mais il le parlait magnifiquement, apportant à chaque phrase un soin maniaque et enthousiaste. Un jour j’ai demandé à Mademoiselle Bi pourquoi elle avait choisi d’apprendre notre langue. Elle m’a répondu « Je venais de terminer mes études secondaires, on a regroupé les élèves qui voulaient apprendre une langue étrangère, on nous a alignés et une personne a annoncé, en nous désignant les uns après les autres : "Anglais. Anglais. Anglais. Anglais. Anglais. Espagnol. Espagnol. Espagnol. Anglais. Anglais. Anglais. Allemand. Allemand. Français. Anglais. Anglais. Anglais...

Je suis tombée sur "Français"... »


J’ai posé la même question à Jacques : « J’étais enfant, j’ai lu, en chinois, une Nouvelle d’Alphonse Daudet qui s’appelle « La dernière classe ». Je l’ai trouvée tellement belle que je n’ai eu de cesse de pouvoir la lire dans la langue de l’auteur. »

A mon retour, j’achetais « Les contes du Lundi » : la plupart des nouvelles ont trait à la guerre de soixante-dix et ne sont pas exemptes d’un nationalisme, un peu pénible aujourd’hui, mais « La dernière classe » est extraordinaire ! Elle met en scène un vieil instituteur alsacien qui réunit pour la dernière fois ses élèves, enfants et adultes, et leur parle de leur langue qui sera demain interdite par l’occupant prussien. Il parle très simplement, il dit qu’un peuple qui s’accroche à sa langue sauvegarde son identité et, au-delà, sa liberté...

Ionesco ne dit pas autre chose dans « La cantatrice chauve » et dans « Rhinocéros » : il nous montre une société qui dérive quand sa langue se délite...

Nous serons à Avignon dans quelques jours, je n’y croiserai sans doute pas Jacques, je n’y croiserai plus Olga... Mais j’y serai avec les mots de Chabrol, de Pennac, de Prévert, de Hugo... et j’en croiserai d’autres, des fous, des passionnés, des qui défendent leur art, leur poésie, leur langue... Car ils savent que notre bagarre va bien au-delà...

Mais avant cela, nous « Konkasserons » à la ferme de la Guilbardière à Monthou-sur-Bièvre (41). Ce sera le vendredi 3 juillet à 21h30, nos amis Anne et Gilles n’auront pas encore rentré les foins, nous en profiterons pour investir la grange. Il est recommandé de réserver au 02 54 44 01 70 et d’apporter sa petite laine. Ceux qui veulent voir comment on peut vivre de son métier d’éleveur laitier avec intelligence et dignité en respectant la terre, les animaux et... les clients, auront la bonne idée de venir un peu avant 20h, pour la traite.

Du 8 au 31 juillet nous serons donc au festival d’Avignon avec « Les trous dans la couverture » à 13h45 au théâtre du Grand Pavois (réservation : 06 65 61 11 74) et « Les Konkasseurs de Kakao » au théâtre du Cabestan à 22h35 (réservation : 04 90 86 11 74).

Nous ferons relâche le 28 juillet au soir et toute la journée du 29, mais « relâche » est un mot mal choisi car j’en profiterai pour aller jouer « Rhinocéros - Résister ! » au festival de Sarlat le jeudi 29 juillet à 21h dans l’abbaye de Sainte-Claire (réservation : 05 53 31 10 83), et je repartirai dans la nuit pour être, de nouveau, au Grand Pavois, dès le 30 à midi (en fait, on fera relâche quand on en aura marre de ce foutu boulot mais ce n’est pas demain la veille...)

Le succès les guette, les huissiers les pourchassent !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais dans quel état ?