Pensées profondes - Anecdotes piquantes
Rendez-vous prochains (avril 2018)

Notre nouvel épisode :

Les titres

Résumé des épisodes précédents :

Trouver le titre d’un livre ou d’un spectacle est un exercice qui relève, à la fois, de la création et de la communication. On a un pied dans l’art, l’autre dans le commerce. Je suis souvent surpris d’entendre des écrivains extrêmement sourcilleux et jaloux de leurs prérogatives littéraires avouer benoîtement
« Oh, le titre ? Ce n’est pas moi, c’est d’éditeur qui l’a choisi... ». Au théâtre, le titre est généralement celui du manuscrit et ça nous joue parfois un mauvais tour. Je pense à ce délicieux spectacle auquel j’ai participé la saison dernière, une peinture brillante, acide et très actuelle du monde de l’édition. Tous les spectateurs étaient conquis par l’humour et la modernité d’un texte de... 1927. Las, un titre trop désuet : « Vient de paraître » ne laissait rien soupçonner de cet humour et de cette modernité. Et c’est, sans doute, ce qui nous a valu la brièveté de la tournée malgré une presse unanime et une nomination aux « Molières ».

Quand le spectacle ne s’appuie pas sur un seul manuscrit mais qu’il est bâti sur une adaptation ou une compilation de textes, c’est au metteur en scène d’imaginer le titre... « Camionnette Pizza », « Faits divers avec chiens », « Convoi d’anges heureux », « L’Émile et une fable », « Les Konkasseurs de Kakao », « Les trous dans la couverture »... Certains titres ont fait florès, d’autres non...
Je suis très heureux des « Konkasseurs... ». Cet emprunt à un lointain exercice de diction reflète parfaitement la fantaisie joyeuse des textes de Hugo, Prevert, Pennac... qui composent notre spectacle.
J’aime beaucoup « Cul de grève ». Le spectacle s’est d’abord appelé « Mise en senne ». La senne étant un filet de pêcheur, nous voulions voir dans ce jeu de mot une évocation de nos deux métiers : pêcheur de Loire pour Philippe Boisneau, et metteur en scène pour moi. Quand Bernard Charret (chef cuisinier) nous a rejoint, on a rebaptisé le spectacle « La bourriche » mais ça ne nous plaisait guère, ça évoquait trop l’étal d’un poissonnier. Le « cul de grève » est un endroit précis de son lit où la Loire est particulièrement aimable et facétieuse (davantage d’explications à ceux qui verront le spectacle). Mais ces deux seuls mots « cul » et « grève » font le titre idéal, à la fois, accrocheur et actuel !
Quand j’ai eu la prétention d’interpréter mes propres textes, j’ai appelé ça tout simplement : « Nouvelles de mon cru ». Il s’en fallait d’une consonne qu’on tomba dans le graveleux.
Quand Lucile Louis m’a rejoint, on a voulu évoquer son violoncelle et le spectacle s’est appelé « La corde sensible », cette alternance de nouvelles et de compositions musicales me semblait joyeusement éparpillée mais mon ami pianiste et écrivain costaricain, Jacques Sagot, m’a fait remarquer qu’un thème s’en dégageait malgré tout : la paternité.
Je me méfie des spectacles à thème, ils sont souvent pesants, pontifiants, pédago...
En dépit de ma prévention, je me suis pris au jeu. De l’ancien spectacle je n’ai gardé que deux nouvelles puis j’en ai choisi trois autres plus proches du thème et qui s’en servent comme d’un tremplin... Le spectacle est conçu, répété, les premières représentations sont programmées. Reste à trouver le titre :

- « Paternités » ? Trop explicite.
- « Balance ton père » ? Inutilement provocateur.
- « Les partitions paternelles » ? Convenable (trop).
- « J’ai dans les yeux... » ? Abscons.

C’est pourtant cette dernière proposition qui, pour l’instant, a notre préférence à Lucile et moi. Le titre complet serait même : « J’ai dans les yeux une paire de lunettes, des boutons d’acné et une tête d’ablette ». Je reconnais que c’est un peu long et guère plus explicite. La phrase ne prend tout son sens que pour qui connaît la nouvelle.
Un titre incompréhensible, un auteur inconnu... Voilà donc un nouveau spectacle qui ne va pas faciliter le travail des communicants. Mais Ionesco s’est-il préoccupé de communication quand il a choisi comme titre « La cantatrice chauve » ?

Rassérénés par cet illustre exemple, on va oublier nos atermoiements et se concentrer sur nos dernières répétitions. Notre spectacle sera donné le vendredi 13 avril à 20h30 dans les caves touristiques de Panzoult (37), réservation auprès de l’association « Musique et Patrimoine » au 02 47 65 66 20.
Il sera repris dans un lieu exceptionnel : « La Jolivière », un ancien couvent troglodytique à Vouvray (37210), réservation obligatoire (la jauge est modeste) à lionel.guenerie@orange.fr (l’adresse postale vous sera communiquée sitôt votre place réservée).
À noter que, la communication supposant un minimum d’anticipation, ces deux premières représentations de notre nouveau spectacle sont annoncées sous leurs anciens titres : « La corde sensible » pour l’une, « Les partitions paternelles » pour l’autre.

« J’ai dans les yeux... et autres nouvelles » feront-elles l’objet d’un recueil ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez, bientôt, en lisant « Les pensées et anecdotes de mai 2018 » !

Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http://www.theatredelafronde.com (que nous ne manquerons pas de réanimer dans les jours à venir) mais surtout nous pouvons devenir « amis facebook » (Theatre de la Fronde @sirgue) et vous pourrez ainsi suivre, minute par minute, l’actualité palpitante de notre compagnie.
Vous en saurez beaucoup plus en venant nous voir !