Nouvelles d'août 2015 - Rendez-vous de septembre 2015

Notre nouvel épisode :

Bling Bling

Résumé des épisodes précédents :

C’est une très belle photo : une étreinte joyeuse, virile, fraternelle... entre Jean-Pierre et Big Joe. La photo apparaîtra bientôt sur le site de la compagnie mais, en attendant, je vais tâcher de la décrire. C’est une photo argentique, en noir et blanc, l’étreinte est coupée aux coudes, on aperçoit, au centre de l’image, les deux poings entremêlés, et, de part et d’autre, les avant-bras. Ceux, blancs et plutôt malingres, de Jean-Pierre, ceux, énormes et noirs, de Big Joe.
Pour voir la photo, il suffit de se rendre à Chédigny. Elle trône, à la place centrale, au-dessus de la cheminée dans la grande salle du conseil, à la mairie.

C’était à la charnière des années 2000, on cherchait à renouveler nos festivités d’été. Dix ans auparavant, tout le village s’était rendu à Memphis dans le Tennessee pour une représentation exceptionnelle de notre spectacle qui avait reçu le premier prix du bicentenaire de la révolution. Un souvenir inoubliable pour chacun d’entre nous et c’est pour commémorer l’évènement qu’on envisagea d’organiser un festival de Blues.
Big Joe Turner était une star, il avait été le bassiste de B.B. King. Originaire de Memphis, il était fatigué de vivre à Londres. On l’avait rencontré à l’issue d’un de ses concerts, il cherchait un village sur le continent où il pourrait répéter sans déranger les voisins... Quelques semaines plus tard, il s’installait donc dans les dépendances du Château du Breuil à la sortie du village et il devenait le maitre d’œuvre de « Blues in Chédigny ». Big Joe passait la moitié de sa vie en tournée et le reste de son temps entre le Tennessee et la Touraine. C’était un citoyen plutôt discret, on se souvient de sa silhouette pantagruélique pêchant au bord de l’Indrois, on se souvient de son guitariste arpentant le pont, un téléphone portable à la main (c’était le seul endroit, à l’époque, où l'on avait quelque chance de capter quelques ondes)... On se souvient surtout des concerts extraordinaires qu’on partageait l’été avec des centaines de festivaliers, ou qu’on savourait, entre nous, l’hiver, dans la salle des fêtes. Jean-Pierre et Big Joe était devenus une vraie paire de potes, un véritable élan de sympathie les portait l’un vers l’autre par-delà la différence de langage. Sans être lui-même musicien, Jean-Pierre s’investissait avec passion dans l’organisation du festival...
Aujourd’hui, Big Joe est décédé et le festival de Blues a vécu. Il a été remplacé par d’autres rencontres tout aussi joyeuses autour de la gastronomie paysanne et des arts de la rue.
Je ne sais pas à quelle occasion la photo été prise, mais son histoire est singulière : en 2008, notre amie Michèle sollicitait un premier mandat au conseil municipal et depuis elle contribue avec intelligence, sensibilité et dévouement à la gestion de la commune. Mais, femme de conviction, ancienne militante syndicale, elle avait prévenu le maire avant de rejoindre son équipe : elle n’imaginait pas de passer, chaque semaine, des heures de réunion sous le regard (fût-il photographique) du président de la République de l’époque. Elle avait bien conscience que sa position n’était pas très respectueuse des usages mais c’était plus fort qu’elle, c’était épidermique... Notre maire ne partageait, sans doute, pas toutes les convictions de son adjointe mais c’est un homme de dialogue et un fin négociateur... La photo du président a été déplacée de quelques mètres et accrochée sur un mur latéral, elle est solennellement encadrée (on pourrait presque dire dissimulée) par les drapeaux Européen et Français. À sa place désormais sur la cheminée : la fameuse photo.
À ceux qui pousseraient des cris d’orfraie et voudraient y voir une atteinte aux institutions, il sera aisé de répondre que ces bras noirs et blancs mêlés sont la plus belle illustration d’une des valeurs de notre république : la fraternité.
Mais il est un détail que je dois préciser : Big Joe, star du Rythm and Blues, et Jean-Pierre, patron d’une entreprise du bâtiment, avaient, l’un et l’autre, le goût des marques ostentatoires de réussite sociale. C’est ainsi que sur la photo, à chaque poignet, s’exhibent deux magnifiques montres. Peut-être pas des vraies Rolex mais des montres suffisamment voyantes pour faire dire aux persiffleurs qu’à Chédigny on est plus respectueux des usages qu’on en a l’air et qui si les années passent et les mandats se succèdent, « Bling Bling » trône toujours en bonne place à la mairie.

C’est dans le Nord de la France, sur la commune de Villeneuve d’Ascq (59650) au Parc archéologique d’Asnapio que le théâtre de la Fronde donnera ses prochaines représentations les samedi 19 et dimanche 20 septembre à 15h, 16h et 17h dans le cadre des journées du patrimoine, pour la circonstance nous ré-ouvrirons nos fameux « Chantiers d’Archéologie Curative » (réservation au 03 20 47 21 99). La semaine suivante, du 23 au 27 septembre se déroulera à Orléans le plus grand rassemblement européen de marine fluviale. « La Rabouilleuse », gabarre Tourangelle, sera de la fête et, à son bord, j’alternerai selon les circonstances, les fonctions de batelier et de bateleur. Je rejoindrai ensuite le théâtre de la Huchette pour y jouer « La Leçon » de Ionesco, à 20h, du mardi 29 septembre au samedi 3 octobre. Les représentations tourangelles ne sont pas si fréquentes, il n’est donc pas superflu d’annoncer celle du dimanche 4 octobre après-midi, je donnerai lecture de quelques « Nouvelles de mon cru » (qui n’apparaissent pas dans le spectacle « La corde sensible »). Ça se passera à Loches (37600) dans un petit lieu associatif : « La mère Lison » (02 36 05 45 93).

La Touraine aura-t-elle bientôt l’opportunité d’accueillir, à nouveau, une représentation du Théâtre de la Fronde ?
La reprise de
« Rhinocéros » à Paris, aura-t-elle lieu en novembre, ou janvier prochain ?

Des lectures se succèdent, des projets s’échafaudent... Aboutiront-ils ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de septembre » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com.

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.

À suivre...