Nouvelles de juillet 2015 - Rendez-vous d'août 2015

Notre nouvel épisode :

Le poète

Résumé des épisodes précédents :

La première fois que j’ai croisé « le poète », ça devait être au « Printemps de Bourges ». On était à la charnière des années soixante-dix et quatre-vingt et le festival comptait alors ses éditions sur les doigts d’une main. On ne s’est jamais parlé, « le poète » et moi, mais on a continué de se croiser, de loin en loin... La dernière fois, c’était, il y a quelques semaines, en Avignon.
Il y a, paraît-il, à Londres, un parc où chacun peut venir avec une caisse en bois, poser la caisse, grimper dessus et haranguer la foule de haut de ce modeste perchoir. Notre patrie (des droits de l’Homme) est bien moins tolérante avec les excentriques et on « embastille » promptement les « fauteurs de trouble sur la voie publique ». Les festivals deviennent alors des refuges, des sanctuaires de bienveillance pour des individus comme « le poète ».

Un jour, en tournée à Nice, je suis tombé sur un copain de collège. « Tu n’as pas changé ! » s’était-il écrié en me voyant. Puis il s’était repris : « Tu as vieilli mais tu n’as pas changé ! ». Je me souviens que ça m’avait fait plutôt plaisir. J’accepte volontiers la patine des ans mais changer ? Changer, c’est se renier, abandonner les engagements, les rêves et les valeurs de ses vingt ans... Ça m’aurait contrarié qu’on dise de moi que j’ai changé.
Qu’en est-il du « poète » ?
À Bourges, il était magnifique, il frisait la trentaine, les cheveux longs, le regard noir et exalté, une tête d’indien sur des épaules de déménageur. Il haranguait la foule d’une voix forte, claire... Et les passants n’étaient pas indifférents aux propos enflammés de ce Rimbaud mâtiné de Che Guevara...

Avignon, juillet 2015.
La voix est toujours puissante et claire, une belle voix de comédien. Les cheveux toujours bruns sont désormais coupés court, mais ils restent plantés drus... Pour le reste... Le « poète » a passé la soixantaine... et l’on songe que Rimbaud et le Che, vivants, ne seraient pas, aujourd’hui, en effigie sur des tee-shirts... Le « poète » harangue des passants accablés de chaleur. Je l’observe de loin : moins de « lendemain qui chantent » dans sa diatribe, plus « d’ours blancs et de banquise à défendre »... Le tout dans la mélasse des bons sentiments... mais la sincérité est absolue et la fièvre persistante ! Avignon 2015 : 40 spectacles institutionnels pour les privilégiés, 1300 pour les autres... et lui au milieu.
Comme s’il était besoin d’un surcroît de pathos et de ridicule, comme s’il s’était trompé de personnage, le « poète » en vieillissant a emprunté la silhouette de Sancho Pança.
Non ! Le « poète » n’a pas changé, il ne changera pas... Et ça me met mal à l’aise.

Du mardi 4 au samedi 8 août à 20h, Stéphanie Chodat, Marie Cuvelier et moi jouons « La leçon » d’Eugène Ionesco au théâtre de la Huchette (réservation au 01 43 26 38 99). Le mercredi 12 août à 21h30 nous jouerons « Le mariage de Figaro » dans la cour du château, sur la place d’armes de Noirmoutier (85330) puis les 14, 15, 16 août à 21h au théâtre municipal de Montreuil-sur-Mer (62170) dans le cadre du Festival des malins plaisirs.

La compagnie du Théâtre de la Fronde aura-t-elle, bientôt, l’opportunité de se produire à nouveau en Touraine ?
La reprise de
« Rhinocéros » à Paris aura-t-elle lieu en octobre, novembre, ou janvier prochain ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'août » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com.

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.

À suivre...