Nouvelles de février 2015 - Rendez-vous de mars 2015

Notre nouvel épisode :

Les mots flêchés

Résumé des épisodes précédents :

Beaumarchais, dont on vante le génie visionnaire, aurait du concevoir des comédies plus chiches en personnages, il aurait dû prévoir la situation du théâtre au XXIème siècle et privilégier la vidéo, les effets techniques... Confier sa si belle langue à autant de comédiens, c’était la vouer au purgatoire des bibliothèques !
Onze comédiens qui se donnent la main sur un plateau pour saluer le public, c’est un luxe hors de portée, aujourd’hui. Un plaisir rare, auquel j’ai eu, pourtant, le privilège de goûter quotidiennement pendant presque deux mois.

Don Gusman Brid’oison : juge bègue et pontifiant. Si on dit parfois de ce genre de rôle qu’il « ramasse tout », c’est parce qu’il est court et qu’il emporte tout les suffrages. L’apparition est brève, elle se doit d’être tonitruante. Je tonitrue donc, dans des poses à la Daumier avec énormément de plaisir et même (avouons-le) un rien de complaisance.
Peu de temps sur scène : beaucoup de temps en coulisses ou dans les loges. Il y a, là, un écueil sournois auquel je n’étais pas habitué : la redoutable torpeur des loges !... Au Théâtre 14, celles-ci sont situées sous le plateau, et pendant que là-haut, les uns déclament, en sous-sol, les autres tuent le temps. L’exercice est plutôt solitaire : difficile d’entamer une conversation avec Bartholo, la poursuivre avec Figaro, l’interrompre avec Fanchette, la reprendre avec Almaviva et la conclure avec Chérubin... On se rabat donc sur le grignotage du chocolat et la lecture. Entre le train, le métro et la loge, il ne fallait pas moins que Alejo Carpenter, Jean Claude Grumberg, Tony Hillermann, Oates, Borges, Monteilhet... pour m’occuper l’esprit. Lire en collectivité requiert de la concentration, lire sans se laisser happer par sa propre lecture en requiert triplement, mais je me jouais de tout cela en virtuose... Jusqu’au soir où...

« Maison des oiseaux ? » en trois lettres.
« Se découpe en tartines ? » en quatre lettres...
La simplicité des énigmes était désolante. Le magazine traînait dans les loges, je le considérais d’un œil désinvolte sans imaginer que je pourrais m’y perdre... C’est le cri d’Alice, après plusieurs minutes, qui m’a sorti de ma torpeur. Dans ma précipitation, je trébuchai dans l’escalier, perdais mes lunettes, m’empêtrai dans ma robe de juge, récupérai ma toque, me blessai au bras, parvenai tant bien que mal en coulisses, me précipitai pour le changement de décors de la fin de l’acte IV... Hélas, on en était au début de ce même acte : la cérémonie de mariage. Heureusement, le metteur en scène me colla d’autorité la couronne dans les bras et je fis mon entrée sur scène plus mort que vif. Le retour dans la loge n’avait rien de glorieux. « Tu devrais chercher de la cendre, me suggéra le metteur en scène, pour t’en couvrir la tête »...
J’eu une meilleure idée : la fameuse cérémonie que j’avais failli massacrer était une courte et joyeuse scène de pantomime au cours de laquelle nous festoyions et trinquions, en mime, une coupe vide à la main ; le lendemain, les coupes étaient pleines du meilleur Champagne et je venais chercher de mes collègues, un pardon de pantomime, au beau milieu de la représentation.
J’ai lancé la mode. Il y a toujours une bourde à se faire pardonner ou un évènement à fêter dans le spectacle. On a eu, depuis, quelques occasions d’agrémenter le début de l’acte IV et gageons qu’il y en aura d’autres. Après le succès de notre série Parisienne, « Le mariage de Figaro » va repartir en tournée dans quelques semaines et nous voilà en lices pour les « Molières »...
D’ici là, je retrouverai le rôle du professeur dans « La Leçon » de Ionesco au théâtre de la Huchette où nous venons de passer le cap de la 18 000ème représentation, je jouerai donc en compagnie de Hélène Hardouin et Joséphine Fresson du mardi 10 au samedi 14 mars à 20h puis avec Stéphanie Chodat et Marie Cuvelier du 17 au 21 mars. Réservation au 01 43 26 38 99.

À quand le retour du théâtre de la Fronde en Touraine ?
À quand le retour à la Réunion ?
À quand la reprise du
« Rhinocéros » à Paris ?
Nos amis découvriront-ils le Costa-Rica ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de mars » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com (l’ensemble des chroniques y apparaît ainsi que les magnifiques
« Photos du mois »).

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.

À suivre...