Nouvelles de mars 2014 - Rendez-vous d'avril 2014

Notre nouvel épisode :

Être âne

Résumé des épisodes précédents :

Frontières, étranges territoires en suspension entre les états, les blocks (de l’Est), les espaces (de Schengen)... Autant de mots abstraits et vagues qui recouvrent des réalités parfois terrifiantes. Selon qu’on est dans un pays pauvre ou riche, le long d’une route ou dans un aéroport, au sud ou au nord, les postes frontières diffèrent un peu mais partout cette atmosphère sourde d’inquiétude et de suspicion et toujours ce fonctionnaire vaguement militarisé qui évalue d’un regard de poisson mort le degré de ressemblance entre votre visage et la photo sur le passeport... Je n’ai rien à me reprocher, mes papiers sont en règle, je ne transporte rien d’illicite et pourtant ces passages sont toujours une épreuve...

C’est généralement dans le cadre de mon travail que je voyage, je découvre, alors, des pays qui me séduisent, je me promets d’y revenir en vacances... Et c’est une promesse que je ne tiens jamais. Pour cette fois, nous avions fait une exception. Il faut préciser que la camionnette de l’époque (ce n’était pas encore le camion « Menuiserie ») était équipée pour recevoir 9 passagers ! Exit donc les décors. Partons en famille et avec quelques amis. Et vive le Maroc ! Séjour enchanteur, fraicheur des ryads, balades dans le souk, premières dunes et nuits à l’hôtel des mille étoiles... Étant nettement plus basané que les autres occupants de la camionnette, j’étais souvent arrêté : on me soupçonnait d’être un « faux guide » marocain, c'est-à-dire un de ces guides pas forcément incompétents mais qui travaillent sans payer de patente. Les soupçons se dissipaient très vite et, sur quelques mots de bienvenue, les policiers nous laissaient poursuivre notre périple...

Les plus belles vacances ont une fin et nous voici de retour à Ceuta, encore sur le continent africain mais déjà aux portes de l’Europe. Portes rigoureusement closes, nous le savions, aux rêves de tant de migrants... Mais rien ne transparaît du désespoir de ceux-là. Aucun barbelé le long d’une route plutôt agréable. Tout a été fait pour épargner au touriste le moindre désagrément. Et jusqu’au poste frontière, bien aménagé, propre et avenant ! La camionnette est immobilisée quelques instants, nos ados en profitent pour s’égayer dans la nature. Est-ce vraiment l’endroit et le moment de s’égayer ? Allez donc faire entendre raison à un ado ! La tension monte, le douanier le perçoit, il fronce les sourcils, tout le monde passe pourtant. Vient mon tour : regard suspicieux...

- Profession ?
- Pardon ?
- Votre métier ?

J’articule « comédien » d’une voix blanche, je n’oublie pas que quelques années auparavant un tel aveu m’avait valu un court séjour en zone de rétention à l’aéroport Mirabel de Montréal, le temps, pour nos collègues Québécois, de s’assurer que les cousins de France n’étaient pas venus manger leur pain et piquer leurs cachets.

- Ah oui ! Comédien ?
- Ouui ?
- Prouvez-le !

L’injonction me rend toute mon assurance et avec malice, du tac au tac, je lui sers du Prévert :

Être Ange
C’est Étrange
Dit l’Ange
Être Âne
C’est étrâne
Dit l’Âne
Cela ne veut rien dire
Dit l’Ange en haussant les ailes
Pourtant
Si étrange veut dire quelque chose
Étrâne est plus étrange qu’étrange
Dit l’Âne
Étrange est !
Dit l’Ange en tapant du pied
Étranger vous-même
Dit l’Âne
Et il s’envole.

Mes mains croisées semblent des ailes qui battent, mimant l’envol de l’âne.

Le douanier est d’abord stupéfait puis l’hilarité le gagne, il me fait un grand geste et je rejoins les autres dans la camionnette...

En ce mois de mars finissant qui fut, comme chaque année, celui de la poésie, je me devais de partager cette anecdote frontalière.

En avril, le dimanche 27 à 15h30, je partagerai avec Lucile Louis, le plateau du théâtre des Balcons à Ferrière Larçon (37350) pour « La corde sensible ».

Aucune autre représentation ce mois-ci mais des répétitions : celles du « Mariage de Figaro » qui sera créé le 21 juin au festival d’Anjou sous la houlette de Jean-Paul Tribout.

« Le Rhinocéros » et « La Leçon » seront-ils associés en une même soirée ?
Que manigancent donc Philippe Boisneau (pêcheur de Loire), Jean-Marie Sirgue (comédien) et Bernard Charret (chef cuisinier) ?
Serge Rigolet va-t-il pouvoir bientôt réenfiler les bretelles de son accordéon ?
A quand
« La corde sensible » à la Huchette ?

Les huissiers les pourchassent ! Le succès les guette !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'avril » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com (le site a été remanié, en profondeur : l'apparence est la même mais les rubriques sont plus faciles d'accès - en particulier nos chroniques - il va s'enrichir dans les semaines à venir).

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations.

A suivre...