Nouvelles d'août 2011 - Rendez-vous de septembre 2011

Notre nouvel épisode :

Le journal d’une femme de chambre

Résumé des épisodes précédents :

Souvent les représentations se prolongent par un échange avec le public. Ça se fait parfois directement de la scène à la salle, après les saluts, mais le plus souvent c’est dehors, dans la rue ou dans un bistrot, avec quelques spectateurs. C’est toujours un moment agréable mais, il faut bien le reconnaître, les questions qui reviennent sont toujours un peu les mêmes... Aussi ne m’attendais-je pas à celle de la jolie jeune femme brune, ce soir-là, à Monaco...

La représentation, elle-même, avait été exceptionnelle : « Rhinocéros », en plein air, sur le Fort Antoine qui domine le port, sous des rafales de force 5.
En mer, dans ces moments-là, on diminue la voilure. Au théâtre on réduit le décor : exit le paravent « jardin ». Celui de « cour », indispensable, avait été lesté de gueuses, armé de béquilles et un technicien pesait de tout son poids pendant toute la représentation pour le garder en place. Un tableau accroché à ce paravent, a, paraît-il, failli m’assommer à deux reprises, je ne me suis rendu compte de rien. Il y a parfois un dieu pour les comédiens, il y a un public aussi : 400 personnes, ce soir-là, faisaient front avec moi contre les éléments... Une représentation, donc, que je ne suis pas près d’oublier... Non plus que la question de la jeune femme brune...
Quelques spectateurs étaient restés, nous discutions... La jeune femme s’était présentée comme comédienne amateur et passionnée de théâtre (elle connaissait le festival d’Almada, au Portugal). Elle m’a demandé : « Si vous étiez une femme, quel spectacle solo choisiriez-vous d’interpréter ? ».
À cela je n’avais pas de réponse tout prête, je demandais un petit temps de réflexion, j’avais compris que la jeune comédienne cherchait un texte pour elle-même.

- Eh bien, peut-être, « le journal d’une femme de chambre », de Mirbeau.
- Le film avec Jeanne Moreau ?
- C’est cela, il y a aussi des adaptations théâtrales intéressantes et c’est un rôle magnifique. Si je devais mettre en scène...
- Ce n’est pas au metteur en scène que je m’adresse mais au comédien.
- Ah ? Euh moi, en tant que comédien... Eh bien... Euh... Je viens de lire la brochure de présentation de saison du Théâtre de Grasse... Euh... Belle programmation ! Ils proposent notamment, « Le mardi, c’est Monoprix », ce sera joué par Jean-Claude Dreyfus. Je ne connais pas le spectacle mais c’est l’histoire d’un travesti quinquagénaire...
- Je ne vous parle pas d’un travesti mais d’une femme.
- ...?
- Ecoutez, tout à l’heure dans « Rhinocéros » vous avez joué Daisy...
- C’est un personnage secondaire, elle n’a pas plus de dix répliques...
- Peut-être, mais pendant ces dix répliques, moi, j’ai vu Daisy... Elle vivait devant mes yeux ! Un comédien comme vous ça peut tout jouer. Ça ne devrait pas avoir peur de jouer un rôle de femme.

Et, sur cette étrange et troublante louange, la jolie dame brune m’a planté là.

Etre comédien c’est forcément aimer le jeu... Aimer relever des gageures. Et celle-là en serait une belle assurément : « Après Jeanne Moreau ! Après Geneviève Fontanel !... Jean-Marie Sirgue... » (surtout, ne pas avoir peur du ridicule, dans ce métier...)
Et si, par miracle, ça marchait ? Si je parvenais à être crédible dans le personnage de la femme de chambre ?... Certes, on saluerait la performance du comédien... Et après ? Est-ce qu’on est là pour accomplir des performances ? C’est un mot : « performance », qui revient de plus en plus souvent dans le discours artistique ? Ne pourrait-on pas plutôt laisser ça aux sportifs ! Ne serait-il pas plus judicieux de s’interroger sur l’intérêt qu’il y aurait pour le texte de Mirbeau, à être interprété par un homme ? Il est vrai qu’il y a des précédents : « Les bonnes » de Genet, ou la bonne de « La Leçon » de Ionesco... Ça enlèverait au personnage beaucoup de son charme mais ça apporterait, peut-être, autre chose ? Flaubert dit « Madame Bovary, c’est moi. », pourquoi Mirbeau ne dirait-il pas « La femme de chambre, c’est moi. » ? Mirbeau ne dit plus rien depuis longtemps, c’est vrai, mais on peut faire parler les morts. On peut toujours, tout faire, tout justifier en art ! C’est ça qui est tellement pratique !... Et tellement énervant aussi !
La jolie dame peut se vanter de m’avoir planté, là, sur le fort Saint Antoine, une drôle d’idée dans la tête... Une idée qui n’a pas fini de m’agiter et qui germera, peut-être, plus tard, qui sait ?...

En attendant, pas de représentation en septembre mais des répétitions : celles de la deuxième version (avec violoncelle) des « Nouvelles de mon cru ». Le spectacle sera créé à Truyes (37) le 6 novembre prochain. Il convient aussi de s’occuper du montage de la production de « Capitaine Le Jan » : la création est plus lointaine (automne 2012) mais c’est maintenant que se détermine la faisabilité du projet. L’heure est aux dossiers et à la recherche de partenaires.

Quelles seront les retombées du festival d’Avignon ?
Lucille Louis sera-t-elle la jeune et talentueuse violoncelliste qui rejoindra la compagnie pour apporter aux
« Nouvelles de mon cru » un écrin musical ?
Quelle sera notre prochaine « photo du mois » ?
Une vidéo de
« Rhinocéros » est-elle visible sur simple clic en tapant « Caspevi Fronde » ? Apparaîtra-t-elle bientôt sur notre nouveau site ?

Le succès les guette, les huissiers les pourchassent !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de septembre » !
Vous en saurez un peu plus en surfant sur notre site : http//www.theatredelafronde.com

Et beaucoup plus en venant assister à l’une de nos prochaines représentations (mais il faudra patienter jusqu'au 8 octobre).