Nouvelles de mars 2011 - Rendez-vous d'avril 2011

Notre nouvel épisode :

Naïve

Résumé des épisodes précédents :

L’accessoire consistait en une paire de jambes féminines en polyéthylène reliées à une lame de ressort, laquelle coulissait le long d’un tube métallique. On donne rarement un prénom à un simple accessoire de théâtre. C’était pourtant le cas : en hommage dérisoire à un célèbre poème, on l’appelait « Barbara ». A l’arrêt, les jambes étaient maintenues écartées mais il suffisait de tirer sur une guinde (ficelle) et l’accessoire coulissait, les jambes se libéraient et, magie du ressort, battaient gracieusement l’air. On eût dit les jambes d’une naïade nageant le crawl en apesanteur.

J’ai parlé dans une précédente lettre de « Rue de paradis ». Prévert y était présenté dans tous ses excès mais c’est la poésie, l’humour, la fantaisie surréaliste qui donnait le ton. Ce spectacle était un enchantement pour les interprètes autant que pour les spectateurs et il nous a baladés quelques saisons... Le décor : une toile peinte évoquant les toits de Paris, au centre, une fenêtre, bien réelle, volets clos qu’on imaginait fermés sur un univers bourgeois, chaud et confortable. On jouait les chats de gouttière, là-devant, Serge et son accordéon, Catherine et Manue en chanteuses des rues et moi en vagabond. À la fin du spectacle, les volets s’ouvraient, enfin, sur... un ciel à la Magritte... qui nous aspirait.

Serge restait seul sur scène. Manue et moi enjambions la fenêtre, un escabeau était dissimulé derrière la toile peinte, nous prenions appui sur un pied et nous nous élevions lentement. Catherine, elle, disparaissait côté jardin. Je tirais sur la guinde et « Barbara » faisait alors son apparition. L’image ne durait que quelques secondes : en haut de la fenêtre, battant l’air, en une légère ascension, on apercevait une paire de jolis mollets. De la salle s’élevait un « Oh ! » de stupéfaction comme devant les exploits d’un acrobate ou d’un prestidigitateur et le spectacle se terminait.

Ce jour-là, nous avions eu quelques angoisses : notre décor tenait à peine, il touchait le plafond de la petite salle des fêtes de Bou dans le Loiret. Mais finalement tout s’était bien passé et la représentation venait de se terminer. Une femme est venue me voir. Elle avait une quarantaine d’année, elle était, je crois, enseignante, elle faisait partie de l’équipe organisatrice. Elle m’a posé une question qui m’a laissé pantois : « Comment a-t-elle fait, Catherine, pour s’envoler à travers le plafond ? ».

Le théâtre ce n’est pas la magie, on cherche la connivence avec le spectateur plutôt que l’illusion. Je sais bien que, quelques secondes de plus et l’esprit cartésien reprenant ses droits, la femme aurait cherché le truc et découvert la « supercherie » mais elles sont précieuses ces quelques secondes pendant lesquelles l’esprit d’un auteur semble flotter dans une salle comme un impalpable souffle. Nous étions encore dans le monde de Prévert, un monde où l’on joue de l’orgue de Barbarie, un monde où les feuilles mortes se ramassent à la pelle et où les escargots vont à leur enterrement... Un monde enfin où les comédiennes volent paisiblement à travers les plafonds. Je n’ai jamais eu envie de me moquer de cette extrême naïveté. Au contraire, je la trouve magnifique ! Parfois, nos spectateurs ont bien du talent...

Le 4 avril à la Huchette, on fêtera les 17000 représentations de « La cantatrice chauve » et « La Leçon ». Je ne pourrai en être et devrai patienter jusqu’au 18 avril à 20h mais je me rattraperai alors en fêtant (et jouant) la 17013ème représentation de « La Leçon » et les suivantes jusqu’au samedi 23, réservation au 01 43 26 38 99. Le vendredi 29 avril à 20h30, j’aurai le plaisir de dire des extraits de « Quel petit vélo à guidon chromé » de Georges Perec avec mon camarade Richard Violante (du théâtre de la Touline), ça se passera salle des Séminaires à Bréhémont (37), entrées : 6 € et 4 € (- de 16 ans).

Quand la compagnie va-t-elle bientôt pouvoir plastronner dans un camion carrossé de neuf ?
Le nouveau site sera-t-il bientôt en ligne ?
Comment se présente l’aventure Avignonnaise ?
Quelle prochaine création la compagnie mijote-t-elle dans ses chaudrons ?

Le succès les guette, les huissiers les pourchassent !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles d'avril » !
Vous en saurez un peu plus en visitant notre site : www.theatredelafronde.com.