Nouvelles de décembre 2008 - Rendez-vous de janvier 2009

Notre nouvel épisode :

Un camion nommé « MENUISERIE »
Le retour

Résumé des épisodes précédents :

Depuis ses frasques du printemps dernier, le célèbre camion « MENUISERIE » s’était un peu fait oublier. Il s’est rattrapé et de belle manière, le 20 décembre dernier : la représentation de
« Rhinocéros », ce soir-là, relevait d'Hitchcock autant que de Ionesco... Qu’on en juge.

18h30 : Je m’engage sereinement sur le périphérique, le décor est dans le camion, je réintègre la Huchette pour deux représentations supplémentaires après une escapade Tourangelle. Je dois être à 2 km de la rue de la Huchette à vol d’oiseau.

18h55 : Plutôt que la porte d’Orléans, je choisi de rentrer dans Paris par la porte d’Italie.

19h00 : Je m’engage sur une petite bretelle qui m’a l’air bien encombrée.
Je tente une marche arrière pour sortir de cette bretelle.

19h02 : Une voiture, puis deux, puis quinze m’empêchent de reculer.

20h00 : Je suis bloqué au milieu de la bretelle depuis une heure, il fait très doux. Dans la voiture devant moi, deux jeunes filles font hurler leur sono, sortent et se mettent à danser ce qui est, sans doute, de la « Tecktonic ». De la voiture d’à côté sort un jeune noir qui les rejoint et danse.

20h20 : Les danseurs ont regagné leur voiture, quelques coups de klaxon expriment et augmentent l’énervement. La représentation est annoncée à 21h15. Il faut, bien sûr, préalablement, décharger le camion et monter le décor. Il faut aussi aller garer le camion (J5 rallongé) ce qui est toujours une gageure dans ce quartier, le plus animé de la capitale.

20h35 : Ider Amekhchoun, le technicien de la Huchette, m’appelle : il est surpris de ne pas me voir, puis inquiet quand je lui explique la situation : on ne peut pas se permettre d’être trop en retard : un groupe de lycéens vient spécialement de grande banlieue entre deux trains.

20h40 : La bretelle est complètement bloquée mais, au loin, à droite, des véhicules parviennent à se dégager. Je m’efforce de les rejoindre en alternant manœuvres, marche arrière et grands coups de volant. L’embrayage craque épouvantablement.

20h55 : Ça y est ! J’ai réussi à me dégager de la bretelle infernale. Le bouchon est derrière moi. Je fonce vers... Villejuif ! Paris est à l’opposé. Je fais demi-tour sur l’avenue. La tempête des klaxons m’impressionne moins que le bruit de l’embrayage. Le camion n’a plus de marche arrière.

21h00 : Paris est de l’autre côté du bouchon mais je renonce à traverser celui-ci et je reprends le périphérique en direction de la porte d’Ivry. Je téléphone à mon petit cousin Arnaud, il avait prévu de venir voir le spectacle avec sa copine Stéphanie, ils m’attendent rue de la Huchette. Je lui explique qu’il va devoir prendre le relais et garer, dans Paris, un camion J5 rallongé sans marche arrière, pendant que je monterai le décor.

21h05 : Je me retrouve gare d’Austerlitz. Enfin un coin que je connais. Je longe la Seine, m’approche de Notre-Dame, Je suis à l’angle du Boulevard Saint-Michel. La rue de la Huchette est à 25 m mais le boulevard est en sens interdit, je le dépasse. Sans marche arrière, je n’ose pas m’engager dans les ruelles du quartier Latin.

21h10 : Je fais le tour du quartier. Ider, au téléphone, essaie de me guider mais ce n’est pas facile, j’ai du mal à lui expliquer où je suis, je sais seulement que je suis tout près mais il est tard et on s’affole un peu de part et d’autre.

21h12 : Il y a une petite rue étroite qui a l’air de vouloir donner sur le boulevard Saint-Michel. Tant pis, je la prends.

21h15 : Miracle ! La petite rue était la bonne ! A l’heure du lever de rideau, les spectateurs voit un camion s’engouffrer (en seconde) dans la rue de la Huchette, entre les jongleurs et les rabatteurs des restaurants grecs (avec leurs piles d’assiettes cassées). Heureusement, Charlotte et Miloute, respectivement comédienne et technicienne, sont là aussi, elles donnent la main pour décharger le camion dont je confie les clefs à Arnaud. Le décor de « Rhinocéros » est assez beau, à la lueur des projecteurs, mais là ? Le spectacle commence par un défilé hétéroclite de vieilles choses (frigo, lampadaire...) qui vont de main en main.

21h35 : La représentation commence avec 20 minutes de retard.
Jean-Noël Hazmann, le directeur de la Huchette, me rapportera plus tard que des spectateurs ont été impressionnés par le calme et la maîtrise du comédien pendant la représentation. Surprendre ce même comédien, quelques minutes plus tôt, s’acharnant à coups de marteau sur un élément de décor avant de s’apercevoir qu’il est en train de le monter à l’envers, aurait, sans doute, nuancé cette impression.

13h00 le Dimanche 21 décembre : En coupant le moteur du camion, j’ai réussi à passer la marche arrière, j’ai, ensuite, enclenché la première et la seconde, en jouant sur la pédale d’embrayage j’ai pu ainsi, sans caler, rejoindre la porte d’Italie, je prends la bretelle, à gauche, pour gagner le périphérique, force sur le levier de vitesse pour accrocher la troisième...

Le craquement est, cette fois, définitif !

Le camion nommé « MENUISERIE » rejoint le garage de la porte d’Italie, juché sur une dépanneuse.

Les garagistes parisiens trouveront-ils une fourchette d’embrayage de J5, ou le serrurier de Chédigny devra-t-il en forger une ?
Les représentations de
« Rhinocéros – Résister ! » qui vont se poursuivre au Poche Montparnasse les jeudis, vendredis, samedis à 19h, du 22 janvier au 11 avril, auront-elles un aussi bel accueil qu’à la Huchette ?
Tous ces vœux de bonheur, d’enthousiasme, de passions... que le théâtre de la Fronde vous adresse du fond du cœur et du fin fond de la campagne Tourangelle enneigée, se réaliseront-ils en 2009 ?

Le succès les guette, les huissiers les pourchassent !
- Nos amis s’en sortiront-ils ?
- Bien sûr !
- Mais comment ?

Vous le saurez bientôt, en lisant « Les nouvelles de janvier » !

Vous en saurez un peu plus en visitant notre site et beaucoup plus en venant nous voir !

... À suivre